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L’accroissement du pendule offre plus de régularité que celui des degrés du méridien ; il s’écarte moins du rapport des carrés des sinus de la hauteur du pôle, soit que sa mesure, plus facile que celle des degrés, prête moins à l’erreur, soit que les causes perturbatrices de la régularité de la Terre produisent moins d’effet sur la pesanteur. En comparant entre elles toutes les observations faites jusqu’à présent sur cet objet dans divers lieux de la Terre, on trouve que, si l’on prend pour unité la longueur du pendule à l’équateur, son accroissement de l’équateur aux pôles est égal au produit de par le carré du sinus de la latitude.

On a remarqué encore, au moyen du pendule, une petite diminution dans la pesanteur, au sommet des hautes montagnes. Bouguer a fait sur cet objet un grand nombre d’expériences au Pérou. Il a trouvé que, la pesanteur à l’équateur et au niveau de la mer étant exprimée par l’unité, elle est 0,999249 à Quito, élevé de 2 857m au-dessus de ce niveau, et 0,998816 sur le Pichincha, à 4 744m de hauteur. Cette diminution de la pesanteur à des hauteurs toujours très petites relativement au rayon terrestre donne lieu de penser que cette force diminue considérablement à de grandes distances du centre de la Terre.

Les observations du pendule, en fournissant une longueur invariable et facile à retrouver dans tous les temps, ont fait naître l’idée de l’employer comme mesure universelle. On ne peut voir le nombre prodigieux de mesures en usage, non seulement chez les différents peuples, mais dans la même nation, leurs divisions bizarres et incommodes pour les calculs, la difficulté de les connaître et de les comparer, enfin l’embarras et les fraudes qui en résultent dans le commerce, sans regarder comme l’un des plus grands services que les gouvernements puissent rendre à la société l’adoption d’un système de mesures dont les divisions uniformes se prêtent le plus facilement au calcul, et qui dérivent de la manière la moins arbitraire d’une mesure fondamentale indiquée par la nature elle-même. Un peuple qui se donnerait un semblable système réunirait à l’avantage d’en recueillir les premiers fruits celui de voir son exemple suivi par les autres peuples, dont il