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Richer, envoyé en 1672 à Cayenne par l’Académie des Sciences pour y faire des observations astronomiques, trouva que son horloge, réglée à Paris sur le temps moyen, retardait chaque jour à Cayenne, d’une quantité sensible. Cette intéressante observation donna la première preuve directe de la diminution de la pesanteur à l’équateur. Elle a été répétée avec beaucoup de soin dans un grand nombre de lieux, en tenant compte de la résistance de l’air et de la température. Il résulte de toutes les mesures observées du pendule à secondes, qu’il augmente de l’équateur aux pôles.

En prenant pour unité la longueur du pendule qui fait, à l’Observatoire de Paris, cent mille oscillations par jour, on a trouvé sa longueur égale à 0,99669 à l’équateur au niveau des mers, tandis qu’en Laponie, à 74°,22 de hauteur du pôle, on l’a observée égale à 1,00137. Borda, par des expériences très exactes et très multipliées, a trouvé qu’à l’Observatoire de Paris la longueur prise pour unité et réduite au vide est de 0m,741887.

L’accroissement des longueurs du pendule, en allant de l’équateur aux pôles, est sensible même sur les divers points du grand arc du méridien qui traverse la France, comme on le voit par le Tableau suivant, résultat des expériences nombreuses et précises faites par MM. Biot, Arago et Mathieu :



Lieux


Hauteur du pôle

Élévation au-dessus
de la mer
Longueur observée
du
pendule à secondes.
° m m
Fermentera…… 42,96 196 0,7412061
Bordeaux……… 49,82 0 0,7412615
Paris…………… 54,26 65 0,7419076
Dunkerque…… 56,67 0 0,7420865


Les longueurs observées à Dunkerque et à Bordeaux donnent, par l’interpolation, 0m,7416274 pour la longueur du pendule à secondes, sur les côtes de France, au niveau de la mer, à 50° de hauteur du pôle. Cette longueur et celle du degré du méridien, dont le milieu répond au même point, serviront à retrouver nos mesures, si par la suite des temps elles viennent à s’altérer.