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les voyages entrepris dans ces derniers temps aient considérablement accru nos connaissances géographiques, il reste beaucoup à découvrir encore. L’intérieur de l’Afrique et celui de la Nouvelle-Hollande renferment des pays immenses, entièrement inconnus ; nous n’avons que des relations incertaines et souvent contradictoires sur beaucoup d’autres, à l’égard desquels la Géographie, livrée jusqu’ici au hasard des conjectures, attend de l’Astronomie des lumières pour fixer irrévocablement leur position.

La longitude et la latitude ne suffisent pas pour déterminer la position d’un lieu sur la Terre ; il faut joindre à ces deux ordonnées horizontales une troisième ordonnée verticale, qui exprime sa hauteur au-dessus du niveau des mers. C’est ici que le baromètre trouve sa plus utile application ; des observations nombreuses et précises de cet instrument répandront sur la figure de la Terre en hauteur les mêmes lumières que l’Astronomie a déjà données sur ses deux autres dimensions.

C’est principalement au navigateur, lorsqu’au milieu des mers il n’a pour guide que les astres et sa boussole, qu’il importe de connaître sa position, celle des lieux où il doit aborder et des écueils qui se rencontrent sur sa route. Il peut aisément connaître sa latitude par l’observation de la hauteur des astres ; les heureuses inventions de l’octant et du cercle répétiteur ont donné à ce genre d’observations une exactitude inespérée. Mais le ciel, en vertu de son mouvement diurne, se présentant dans un jour à peu près de la même manière à tous les points de son parallèle, il est difficile au navigateur de fixer le point auquel il répond. Pour suppléer aux observations célestes, il mesure sa vitesse et la direction de son mouvement ; il en conclut sa marche dans le sens des parallèles, et, en la comparant avec ses latitudes observées, il détermine sa longitude relativement au lieu de son départ. L’inexactitude de cette méthode l’expose à des erreurs qui peuvent lui devenir funestes, quand il s’abandonne aux vents pendant la nuit, près des côtes ou des bancs dont il se croit encore éloigné par son estime. C’est pour le mettre à l’abri de ces dangers qu’aussitôt que les