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EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE.



CHAPITRE XIII.
DES ÉTOILES ET DE LEURS MOUVEMENTS.
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La parallaxe des étoiles est insensible ; leurs disques, vus dans les plus forts télescopes, se réduisent à des points lumineux : en cela, ces astres diffèrent des planètes, dont les télescopes augmentent la grandeur apparente. La petitesse du diamètre apparent des étoiles est prouvée, surtout par le peu de temps qu’elles mettent à disparaître dans leurs occultations par la Lune, et qui, n’étant pas d’une seconde, indique que ce diamètre est au-dessous de cinq secondes de degré. La vivacité de la lumière des plus brillantes étoiles, comparée à leur petitesse apparente, nous porte à croire qu’elles sont beaucoup plus éloignées de nous que les planètes, et qu’elles n’empruntent point comme elles leur clarté du Soleil, mais qu’elles sont lumineuses par elles-mêmes ; et comme les étoiles les plus petites sont assujetties aux mêmes mouvements que les plus brillantes et conservent entre elles une position constante, il est très vraisemblable que tous ces astres sont de la même nature, et que ce sont autant de corps lumineux, plus ou moins gros, et placés plus ou moins loin au delà des limites du système solaire.

On observe des variations périodiques dans l’intensité de la lumière de plusieurs étoiles, que l’on nomme pour cela changeantes. Quelquefois on a vu des étoiles se montrer presque tout à coup, et disparaître après avoir brillé du plus vif éclat. Telle fut la fameuse étoile observée en 1572, dans la constellation de Cassiopée. En peu de temps, elle surpassa la clarté des plus belles étoiles et de Jupiter même ; sa lumière s’affaiblit ensuite, et elle disparut seize mois après sa découverte, sans