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EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE.



CHAPITRE XI.
DU MOUVEMENT DES PLANÈTES AUTOUR DU SOLEIL.
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Si l’homme s’était borné à recueillir des faits, les Sciences ne seraient qu’une nomenclature stérile, et jamais il n’eût connu les grandes lois de la nature. C’est en comparant les faits entre eux, en saisissant leurs rapports et en remontant ainsi à des phénomènes de plus en plus étendus qu’il est enfin parvenu à découvrir ces lois, toujours empreintes dans leurs effets les plus variés. Alors la nature, en se dévoilant, lui a montré un petit nombre de causes donnant naissance à la foule des phénomènes qu’il avait observés ; il a pu déterminer ceux qu’elles doivent faire éclore, et lorsqu’il s’est assuré que rien ne trouble l’enchaînement de ces causes à leurs effets, il a porté ses regards dans l’avenir, et la série des événements que le temps doit développer s’est offerte à sa vue. C’est uniquement encore dans la théorie du Système du monde que l’esprit humain, par une longue suite d’efforts heureux, s’est élevé à cette hauteur. La première hypothèse qu’il a imaginée pour expliquer les apparences des mouvements planétaires n’a dû être qu’une ébauche imparfaite de cette théorie ; mais en représentant d’une manière ingénieuse ces apparences, elle a donné le moyen de les soumettre au calcul, et l’on verra que, en lui faisant subir les modifications que l’observation a successivement indiquées, elle se transforme dans le vrai système de l’univers.

Ce que les apparences des mouvements planétaires offrent de plus remarquable est leur changement de l’état direct à l’état rétrograde, changement qui ne peut être évidemment que le résultat de deux mou-