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LIVRE I. — CHAPITRE VIII.


la moitié de sa longueur. L’ellipse se rétrécit de plus en plus, à mesure que le rayon visuel mené de Saturne à la Terre, s’abaisse sur le plan de l’anneau, dont l’arc postérieur finit par se cacher derrière la planète, tandis que l’arc antérieur se confond avec elle ; mais son ombre, projetée sur le disque de Saturne, y forme une bande obscure que l’on aperçoit dans de fortes lunettes, et qui prouve que Saturne et son anneau sont des corps opaques éclairés par le Soleil. Alors on ne distingue plus que les parties de l’anneau qui s’étendent de chaque côté de Saturne ; ces parties diminuent peu à peu de largeur ; elles disparaissent enfin quand la Terre est dans le plan de l’anneau, dont l’épaisseur est trop mince pour être aperçue. L’anneau disparaît encore quand le Soleil, venant à rencontrer son plan, n’éclaire que son épaisseur. Il continue d’être invisible, tant que son plan se trouve entre le Soleil et la Terre, et il ne reparaît que lorsque le Soleil et la Terre se trouvent du même côté de ce plan, en vertu des mouvements respectifs de Saturne et du Soleil.

Le plan de l’anneau rencontrant l’orbe solaire à chaque demi-révolution de Saturne, les phénomènes de sa disparition et de sa réapparition se renouvellent à peu près tous les quinze ans, mais avec des circonstances souvent différentes : il peut y avoir dans la même année deux disparitions et deux réapparitions, et jamais davantage.

Dans le temps où l’anneau disparaît, son épaisseur nous renvoie la lumière du Soleil, mais en trop petite quantité pour être sensible. On conçoit cependant que pour l’apercevoir, il suffit d’augmenter la force des télescopes. C’est ce qu’Herschel a éprouvé ; il n’a jamais cessé de le voir, lorsqu’il avait disparu pour les autres observateurs.

L’inclinaison de l’anneau sur l’écliptique se mesure par la plus grande ouverture de l’ellipse qu’il nous présente ; la position de ses nœuds avec le plan de l’écliptique se conclut facilement de la position de Saturne, quand l’apparition ou la disparition de l’anneau dépend de la rencontre de son plan par la Terre. Tous les phénomènes de ce genre qui donnent la même position sidérale des nœuds ont donc lieu par cette rencontre ; les autres viennent de la rencontre du même