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LIVRE I. — CHAPITRE VII.

Jupiter est, après Vénus, la plus brillante des planètes ; quelquefois même il la surpasse en clarté. Son diamètre apparent est le plus grand qu’il est possible dans les oppositions, où il s’élève à 141″,6 ; sa grandeur moyenne est de 113″,4 dans le sens de l’équateur ; mais il n’est pas égal dans tous les sens. La planète est sensiblement aplatie à ses pôles de rotation, et Arago a trouvé, par des mesures très précises, que son diamètre dans le sens des pôles est à celui de son équateur, à fort peu près, dans le rapport de 167 à 177.

On observe autour de Jupiter quatre petits astres qui l’accompagnent sans cesse. Leur configuration change à tout moment ; ils oscillent de chaque côté de la planète, et c’est par l’étendue entière des oscillations que l’on détermine leur rang, en nommant premier satellite celui dont l’oscillation est la moins étendue. On les voit quelquefois passer sur le disque de Jupiter et y projeter leur ombre, qui décrit alors une corde de ce disque ; Jupiter et ses satellites sont donc des corps opaques, éclairés par le Soleil. En s’interposant entre le Soleil et Jupiter, les satellites forment par leurs ombres sur cette planète de véritables éclipses de Soleil, parfaitement semblables à celles que la Lune produit sur la Terre.

L’ombre que Jupiter projette derrière lui relativement au Soleil donne l’explication d’un autre phénomène que les satellites nous présentent. On les voit souvent disparaître, quoique loin encore du disque de la planète ; le troisième et le quatrième reparaissent quelquefois, du même côté de ce disque. Ces disparitions sont entièrement semblables aux éclipses de Lune, et les circonstances qui les accompagnent ne laissent à cet égard aucun doute. On voit toujours les satellites disparaître du côté du disque de Jupiter opposé au Soleil, et par conséquent du même côté que le cône d’ombre qu’il projette ; ils s’éclipsent plus près de ce disque, quand la planète est plus voisine de son opposition ; enfin, la durée de leurs éclipses répond exactement aux temps qu’ils doivent employer à traverser le cône d’ombre de Jupiter. Ainsi les satellites se meuvent d’occident en orient, autour de cette planète.

L’observation de leurs éclipses est le moyen le plus sûr pour déter-