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en suivant des routes opposées, donne à l’existence de cet état antérieur du Soleil une grande probabilité.

En rattachant la formation des comètes à celle des nébuleuses, on peut les regarder comme de petites nébuleuses errantes de systèmes en systèmes solaires, et formées par la condensation de la matière nébuleuse répandue avec tant de profusion dans l’univers. Les comètes seraient ainsi, par rapport à notre système, ce que les aérolithes sont relativement à la Terre, à laquelle ils paraissent étrangers. Lorsque ces astres deviennent visibles pour nous, ils offrent une ressemblance si parfaite avec les nébuleuses qu’on les confond souvent avec elles, et ce n’est que par leur mouvement ou par la connaissance de toutes les nébuleuses renfermées dans la partie du ciel où ils se montrent qu’on parvient à les distinguer. Cette hypothèse explique d’une manière heureuse l’extension que prennent les têtes et les queues des comètes, à mesure qu’elles approchent du Soleil ; l’extrême rareté de ces queues, qui, malgré leur immense profondeur, n’affaiblissent point sensiblement l’éclat des étoiles que l’on voit à travers ; la direction du mouvement des comètes dans tous les sens, et la grande excentricité de leurs orbites.

Des considérations précédentes, fondées sur les observations télescopiques, il résulte que le mouvement du système solaire est très composé. La Lune décrit un orbe presque circulaire autour de la Terre ; mais, vue du Soleil, elle paraît décrire une suite d’épicycloïdes, dont les centres sont sur la circonférence de l’orbe terrestre. Pareillement, la Terre décrit une suite d’épicycloïdes dont les centres sont sur la courbe que le Soleil décrit autour du centre de gravité du groupe d’étoiles dont il fait partie. Enfin le Soleil décrit lui-même une suite d’épicycloïdes dont les centres sont sur la courbe décrite par le centre de gravité de ce groupe autour de celui de l’univers. L’Astronomie a déjà fait un grand pas, en nous faisant connaître le mouvement de la Terre, et les épicycloïdes que la Lune et les satellites décrivent sur les orbes de leurs planètes respectives. Mais s’il a fallu des siècles pour connaître les mouvements du système planétaire, quelle durée prodigieuse exige