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LIVRE I. — CHAPITRE IV.


l’astre, parvenu à sa plus grande hauteur boréale, commencera à revenir vers l’écliptique. Les phénomènes précédents se reproduiront alors dans un ordre inverse, et lorsque la Lune, parvenue à son nœud descendant, s’abaissera sous l’écliptique, le pôle boréal présentera les phénomènes que le pôle austral avait offerts.

L’axe de rotation de la Lune n’est pas exactement perpendiculaire à l’écliptique, et son inclinaison produit des apparences que l’on peut concevoir en supposant la Lune mue sur le plan même de l’écliptique, de manière que son axe de rotation reste toujours parallèle à lui-même. Il est clair qu’alors chaque pôle sera visible pendant une moitié de la révolution de la Lune autour de la Terre et invisible pendant l’autre moitié, en sorte que les régions qui en sont très voisines seront alternativement découvertes et cachées.

Enfin, l’observateur n’est point au centre de la Terre, mais à sa surface ; c’est le rayon visuel mené de son œil au centre de la Lune, qui détermine le milieu de son hémisphère apparent, et il est clair qu’à raison de la parallaxe lunaire, ce rayon coupe la surface de la Lune dans des points sensiblement différents suivant la hauteur de cet astre sur l’horizon.

Toutes ces causes ne produisent qu’une libration apparente dans le globe lunaire ; elles sont purement optiques, et n’affectent point son mouvement réel de rotation. Ce mouvement peut cependant être assujetti à de petites inégalités ; mais elles sont trop peu sensibles pour avoir été observées.

Il n’en est pas de même des variations du plan de l’équateur lunaire. L’observation assidue des taches de la Lune fit reconnaître à Dominique Cassini que l’axe de cet équateur n’est point perpendiculaire à l’écliptique, comme on l’avait supposé jusqu’alors, et que ses positions successives ne sont point exactement parallèles. Ce grand astronome fut conduit au résultat suivant, l’une de ses plus belles découvertes, et qui renferme toute la théorie astronomique de la libration réelle de la Lune. Si, par le centre de cet astre, on conçoit un premier plan perpendiculaire à son axe de rotation, plan qui se confond avec