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planètes autour du Soleil, contribuèrent à faire adopter ces mouvements. Mais, en posant en principe qu’il fallait commencer par douter de tout, Descartes prescrivit lui-même de soumettre ses opinions à un examen sévère, et son système astronomique fut bientôt détruit par les découvertes postérieures, qui, jointes aux siennes, à celles de Kepler et de Galilée, et aux idées philosophiques que l’on acquit alors sur tous les objets, ont fait de son siècle, illustré d’ailleurs partant de chefs-d’œuvre dans la littérature et dans les beaux-arts, l’époque la plus remarquable de l’histoire de l’esprit humain.

Il était réservé à Newton de nous faire connaître le principe général des mouvements célestes. La nature, en le douant d’un profond génie, prit encore soin de le placer dans les circonstances les plus favorables. Descartes avait changé la face des sciences mathématiques, par l’application féconde de l’Algèbre à la théorie des courbes et des fonctions variables. Fermat avait posé les fondements de l’Analyse infinitésimale par ses belles méthodes des maxima et des tangentes. Wallis, Wren et Huygens, venaient de trouver les lois de la communication du mouvement. Les découvertes de Galilée sur la chute des graves, et celles d’Huygens sur les développées et sur la force centrifuge conduisaient à la théorie du mouvement dans les courbes. Kepler avait déterminé celles que décrivent les planètes, et il avait entrevu la gravitation universelle. Enfin Hooke avait très bien vu que les mouvements planétaires sont le résultat d’une force primitive de projection, combinée avec la force attractive du Soleil. La Mécanique céleste n’attendait ainsi pour éclore qu’un homme de génie qui, rapprochant et généralisant ces découvertes, sût en tirer la loi de la pesanteur. C’est ce que Newton exécuta dans son Ouvrage des Principes mathématiques de la Philosophie naturelle.

Cet homme, célèbre à tant de titres, naquit à Woolstrop en Angleterre, sur la fin de 1642, l’année même de la mort de Galilée. Ses premières études mathématiques annoncèrent ce qu’il serait un jour : une lecture rapide des livres élémentaires lui suffit pour les entendre ; il parcourut ensuite la Géométrie de Descartes, l’Optique de Kepler et