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LIVRE I. — CHAPITRE IV.


donc d’une rareté extrême et supérieure à celle du vide que nous formons dans nos meilleures machines pneumatiques. De là nous devons conclure qu’aucun des animaux terrestres ne pourrait respirer et vivre sur la Lune, et que, si elle est habitée, ce ne peut être que par des animaux d’une autre espèce. Il y a lieu de penser que tout est solide à sa surface ; car les grands télescopes nous la présentent comme une masse aride, sur laquelle on a cru remarquer les effets et même l’explosion des volcans.

Bouguer a trouvé, par l’expérience, que la lumière de la pleine lune est environ trois cent mille fois plus faible que celle du Soleil : c’est la raison pour laquelle cette lumière, rassemblée au foyer des plus grands miroirs, ne produit point d’effet sensible sur le thermomètre.

On distingue, surtout près des nouvelles lunes, la partie du disque lunaire qui n’est point éclairée par le Soleil. Cette faible clarté, que l’on nomme lumière cendrée, est due à la lumière que l’hémisphère éclairé de la Terre réfléchit sur la Lune, et ce qui le prouve, c’est qu’elle est plus sensible vers la nouvelle lune, quand une plus grande partie de cet hémisphère est dirigée vers cet astre. En effet, il est visible que la Terre offrirait à un observateur placé sur la Lune des phases semblables à celles que la Lune nous présente, mais accompagnées d’une plus forte lumière, à raison de la plus grande étendue de la surface terrestre.

Le disque lunaire présente un grand nombre de taches invariables, que l’on a observées et décrites avec soin. Elles nous montrent que cet astre dirige toujours vers nous à peu près le même hémisphère ; il tourne donc sur lui-même, dans un temps égal à celui de sa révolution autour de la Terre ; car si l’on imagine un observateur placé au centre de la Lune, supposée transparente, il verra la Terre et son rayon visuel se mouvoir autour de lui, et comme ce rayon traverse toujours au même point à peu près la surface lunaire, il est évident que ce point doit tourner en même temps et dans le même sens que la Terre, autour de l’observateur.

Cependant l’observation suivie du disque lunaire fait apercevoir de