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le parti le plus avantageux de ses lois, ne paraissent pas en avoir senti l’importance. Galilée pouvait alléguer en faveur du mouvement de la Terre l’une des plus fortes preuves de ce mouvement, sa conformité avec les lois du mouvement elliptique de toutes les planètes, et surtout avec le rapport du carré des temps des révolutions au cube des moyennes distances au Soleil.

Mais ces lois ne furent généralement admises qu’après que Newton en eut fait la base de sa théorie du système du monde.

L’Astronomie doit encore à Kepler plusieurs travaux utiles : ses Ouvrages sur l’Optique sont pleins de choses neuves et intéressantes. Il y perfectionne le télescope et sa théorie ; il y explique le mécanisme de la vision, inconnu avant lui ; il y donne la vraie cause de la lumière cendrée de la Lune ; mais il en fait hommage à son maître Mœstlin, recommandable par cette découverte, et pour avoir rappelé Kepler à l’Astronomie et converti Galilée au système de Copernic. Enfin, Kepler dans son Ouvrage intitulé : Stereometria doliorum, présenta sur l’infini des vues qui ont influé sur la révolution que la Géométrie a éprouvée à la fin de l’avant-dernier siècle, et Fermat, que l’on doit regarder comme le véritable inventeur du Calcul différentiel, a fondé sur elles sa belle méthode des maxima.

Avec autant de droits à l’admiration, ce grand homme vécut dans la misère, tandis que l’Astrologie judiciaire, partout en honneur, était magnifiquement récompensée. Heureusement la jouissance de la vérité qui se dévoile à l’homme de génie et la perspective de la postérité juste et reconnaissante le consolent de l’ingratitude de ses contemporains. Kepler avait obtenu des pensions qui lui furent toujours mal payées. Étant allé à la diète de Ratisbonne pour en solliciter les arrérages, il mourut dans cette ville, le 15 novembre 1631. Il eut dans ses dernières années l’avantage de voir naître et d’employer la découverte des logarithmes, due à Neper, baron écossais, artifice admirable ajouté à l’ingénieux algorithme des Indiens, et qui, en réduisant à quelques jours le travail de plusieurs mois, double, si l’on peut ainsi dire, la vie des astronomes et leur épargne les erreurs et les dégoûts inséparables