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horta à observer et lui procura le titre de mathématicien impérial. La mort de Tycho, arrivée peu d’années après, mit Kepler en possession de la collection précieuse des observations de son illustre maître, et il en fit l’emploi le plus utile, en fondant sur elles trois des plus importantes découvertes que l’on ait faites dans la philosophie naturelle.

Ce fut une opposition de Mars qui détermina Kepler à s’occuper de préférence des mouvements de cette planète. Son choix fut heureux en ce que, l’orbe de Mars étant un des plus excentriques du système planétaire et la planète approchant fort près de la Terre dans ses oppositions, les inégalités de son mouvement réel et apparent sont plus grandes que celles des autres planètes, et doivent plus facilement et plus sûrement en faire découvrir les lois. Quoique la théorie du mouvement de la Terre eût fait disparaître la plupart des cercles dont Ptolémée avait embarrassé l’Astronomie, cependant Copernic en avait laissé subsister plusieurs, pour expliquer les inégalités réelles des corps célestes. Kepler, trompé comme lui par l’opinion que les mouvements des astres devaient être circulaires et uniformes, essaya longtemps de représenter ceux de Mars dans cette hypothèse. Enfin, après un grand nombre de tentatives qu’il a rapportées en détail dans son Ouvrage De Stella Martis, il franchit l’obstacle que lui opposait une erreur accréditée par le suffrage de tous les siècles ; il reconnut que l’orbe de Mars est une ellipse dont le Soleil occupe un des foyers, et que la planète s’y meut de manière que le rayon vecteur mené de son centre à celui du Soleil décrit des aires proportionnelles aux temps. Kepler étendit ces résultats à toutes les planètes, et il publia en 1626, d’après cette théorie, les Tables Rudolphines, à jamais mémorables en Astronomie, comme ayant été les premières fondées sur les véritables lois du système du monde et débarrassées de tous les cercles qui surchargeaient les Tables antérieures.

Si l’on sépare des recherches astronomiques de Kepler les idées chimériques dont il les a souvent accompagnées, on voit qu’il parvint à ces lois de la manière suivante. Il s’assura d’abord que l’égalité du mouvement angulaire de Mars n’avait lieu sensiblement qu’autour d’un