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étant trop considérable, l’équinoxe du printemps anticipait sans cesse ; et dans l’intervalle des quinze siècles écoulés depuis Jules César, il s’était rapproché de onze jours et demi du commencement de l’année. Pour remédier à cet inconvénient, le pape Grégoire XIII établit par un bref, en 1582, que le mois d’octobre de cette année n’aurait que vingt et un jours ; que l’année 1600 serait bissextile ; qu’ensuite l’année qui termine chaque siècle ne serait bissextile que de quatre en quatre siècles. Cette intercalation, fondée sur une longueur un peu trop grande de l’année, ferait anticiper l’équinoxe d’un jour environ en quatre mille ans ; mais, en rendant commune la bissextile qui termine cet intervalle, l’intercalation grégorienne deviendrait à très peu près rigoureuse. On ne changea point d’ailleurs le calendrier julien. Il était facile alors de fixer au solstice d’hiver l’origine de l’année et de rendre plus régulière la longueur des mois, en donnant trente et un jours au premier, vingt-neuf jours au second dans les années communes, et trente jours dans les années bissextiles, et en faisant les autres mois alternativement de trente et un et de trente jours ; il eût été commode de les désigner tous par leur rang ordinal, ce qui aurait fait disparaître les dénominations impropres des quatre derniers mois de l’année. En corrigeant ensuite comme on vient de le dire l’intercalation adoptée, le calendrier grégorien n’eût laissé rien à désirer. Mais convient-il de lui donner cette perfection ? Si l’on considère que ce calendrier est aujourd’hui celui de presque tous les peuples d’Europe et d’Amérique, et qu’il a fallu deux siècles et toute l’influence de la religion pour lui procurer cet avantage, on sentira qu’il doit être conservé même avec ses imperfections, qui ne portent pas d’ailleurs sur des points essentiels. Car le principal objet d’un calendrier est d’attacher, par un mode simple d’intercalation, les événements à la série des jours, et de faire correspondre pendant un très grand nombre de siècles les Saisons aux mêmes mois de l’année, conditions qui sont bien remplies dans le calendrier grégorien. La partie de ce calendrier relative à la fixation de la Pâque étant, par son objet, étrangère à l’Astronomie, je n’en parlerai point ici.