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la vue ; trois ans après, en 1642, il mourut à Arcetri, regretté de l’Europe entière, éclairée par ses travaux et indignée du jugement porté contre un si grand homme, par un odieux tribunal.

Pendant que ces choses se passaient en Italie, Kepler dévoilait en Allemagne les lois des mouvements planétaires. Mais, avant que d’exposer ses découvertes, il convient de remonter plus haut et de faire connaître les progrès de l’Astronomie dans le nord de l’Europe, depuis la mort de Copernic.

L’histoire de cette science nous offre à cette époque un grand nombre d’excellents observateurs. L’un des plus illustres fut Guillaume IV, landgrave de Hesse-Cassel. Il fit bâtir à Cassel un observatoire, qu’il munit d’instruments travaillés avec soin, et avec lesquels il observa longtemps lui-même. Il s’attacha deux astronomes distingués, Rothman et Juste Bürgi, et Tycho fut redevable à ses pressantes sollicitations des avantages que lui procura Frédéric, roi de Danemark.

Tycho Brahe, l’un des plus grands observateurs qui aient existé, naquit à la fin de 1546, à Knudstrup en Scanie. Son goût pour l’Astronomie se manifesta dès l’âge de quatorze ans, à l’occasion d’une éclipse arrivée en 1560. À cet âge où il est si rare de réfléchir, la justesse du calcul par lequel on avait prédit ce phénomène lui inspira le vif désir d’en connaître les principes, et ce désir s’accrut encore par les oppositions qu’il éprouva de la part de son gouverneur et de sa famille. Il voyagea en Allemagne, où il contracta des liaisons de correspondance et d’amitié avec les savants et les amateurs les plus distingués de l’Astronomie, et particulièrement avec le landgrave de Hesse-Cassel, qui le reçut de la manière la plus flatteuse. De retour dans sa patrie, il y fut fixé par Frédéric, son souverain, qui lui donna la petite île de Hveen, à l’entrée de la mer Baltique. Tycho y fit bâtir un observatoire célèbre sous le nom d’Uranibourg ; là, pendant un séjour de vingt et un ans, il fit un nombre prodigieux d’observations, et plusieurs découvertes importantes. À la mort de Frédéric, l’envie déchaînée contre Tycho le força d’abandonner sa retraite. Son retour à Copenhague n’assouvit point la rage de ses persécuteurs ; un ministre (son nom, comme celui