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aux observations astronomiques une étendue et une précision inespérées, a fait apercevoir dans les cieux des inégalités nouvelles et de nouveaux mondes. Galilée eut à peine connaissance des premiers essais sur le télescope qu’il s’attacha à le perfectionner. En le dirigeant vers les astres, il découvrit les quatre satellites de Jupiter, qui lui montrèrent une nouvelle analogie de la Terre avec les planètes ; il reconnut ensuite les phases de Vénus, et dès lors il ne douta plus de son mouvement autour du Soleil. La voie lactée lui offrit un nombre infini de petites étoiles, que l’irradiation confond, à la vue simple, dans une lumière blanche et continue ; les points lumineux qu’il aperçut au delà de la ligne qui sépare la partie éclairée de la partie obscure de la Lune lui firent connaître l’existence et la hauteur de ses montagnes. Enfin il observa les taches et la rotation du Soleil, et les apparences singulières occasionnées par l’anneau de Saturne. En publiant ces découvertes, il fit voir qu’elles démontraient le mouvement de la Terre ; mais la pensée de ce mouvement fut déclarée contraire aux dogmes religieux par une congrégation de cardinaux, et Galilée, son plus célèbre défenseur en Italie, fut cité au tribunal de l’Inquisition, et forcé de se rétracter pour échapper à une prison rigoureuse.

Une des plus fortes passions est l’amour de la vérité dans l’homme de génie. Plein de l’enthousiasme qu’une grande découverte lui inspire, il brûle de la répandre, et les obstacles que lui opposent l’ignorance et la superstition armées du pouvoir ne font que l’irriter et accroître son énergie. D’ailleurs il s’agissait d’une vérité qui pour nous est du plus haut intérêt par le rang qu’elle assigne au globe que nous habitons. S’il est, en effet, immobile au milieu de l’univers, l’homme a le droit de se regarder comme le principal objet des soins de la nature : toutes les opinions fondées sur cette prérogative méritent son examen ; il peut raisonnablement chercher à découvrir les rapports que les astres ont avec sa destinée. Mais, si la Terre n’est qu’une des planètes qui circulent autour du Soleil, cette Terre, déjà si petite dans le système solaire, disparaît entièrement dans l’immensité des cieux dont ce système, tout vaste qu’il nous semble, n’est qu’une partie insensible. Galilée,