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LIVRE I. — CHAPITRE IV.


au nœud, dans l’intervalle de 223 mois, n’est pas rigoureux ; et les écarts qui en résultent changent à la longue l’ordre des éclipses observées pendant une de ces périodes.

La forme circulaire de l’ombre terrestre dans les éclipses de Lune rendit sensible aux premiers astronomes la sphéricité très approchée de la Terre ; nous verrons dans la suite la théorie lunaire perfectionnée offrir le moyen peut-être le plus exact pour en déterminer l’aplatissement.

C’est uniquement dans les conjonctions du Soleil et de la Lune, quand ce dernier astre, en s’interposant entre le Soleil et la Terre, nous dérobe la lumière du Soleil, que nous observons les éclipses solaires. Quoique la Lune soit incomparablement plus petite que le Soleil, cependant elle est assez près de la Terre pour que son diamètre apparent diffère peu de celui du Soleil ; il arrive même, à raison des changements de ces diamètres, qu’ils se surpassent alternativement l’un l’autre. Imaginons les centres du Soleil et de la Lune sur une même droite avec l’œil de l’observateur : il verra le Soleil éclipsé. Si le diamètre apparent de la Lune surpasse celui du Soleil, l’éclipse sera totale ; mais si ce diamètre est plus petit, l’observateur verra un anneau lumineux, formé par la partie du Soleil qui déborde le disque de la Lune, et alors l’éclipse sera annulaire. Si le centre de la Lune n’est pas sur la droite qui joint l’observateur et le centre du Soleil, la Lune pourra n’éclipser qu’une partie du disque solaire, et l’éclipse sera partielle. Ainsi les variétés des distances du Soleil et de la Lune au centre de la Terre, et celles de la proximité de la Lune à ses nœuds, au moment de ses conjonctions, doivent en produire de très grandes dans les éclipses de Soleil. À ces causes se joint encore l’élévation de la Lune sur l’horizon, élévation qui change la grandeur de son diamètre apparent, et qui, par l’effet de la parallaxe lunaire, peut augmenter ou diminuer la distance apparente des centres du Soleil et de la Lune, de manière que, de deux observateurs éloignés entre eux, l’un peut voir une éclipse de Soleil, qui n’a point lieu pour l’autre observateur. En cela, les éclipses de Soleil différent des éclipses de