Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/449

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment de la Terre rend plus exacte et plus simple la théorie de ces mouvements. »

Ce grand homme ne fut pas témoin du succès de son ouvrage ; il mourut presque subitement, à l’âge de soixante et onze ans, après en avoir reçu le premier exemplaire. Né à Thorn, dans la Prusse polonaise, le 19 février 1473, il apprit dans la maison paternelle les langues grecque et latine, et il alla continuer ses études à Cracovie. Ensuite, entraîné par son goût pour l’Astronomie et par la réputation que Regiomontanus avait laissée, le désir de s’illustrer dans la même carrière lui fit entreprendre le voyage de l’Italie, où cette science était enseignée avec succès. Il suivit à Bologne les leçons de Dominique Maria ; il obtint ensuite une place de professeur à Rome, où il fit diverses observations ; enfin il quitta cette ville pour se fixer à Frauenberg où son oncle, alors évêque de Warmie, le pourvut d’un canonicat. Ce fut dans ce tranquille séjour que, par trente-six ans d’observations et de méditations, il établit sa théorie du mouvement de la Terre. À sa mort, il fut inhumé dans la cathédrale de Frauenberg, sans pompe et sans épitaphe ; mais sa mémoire subsistera aussi longtemps que les grandes vérités qu’il a reproduites avec une évidence qui, enfin, a dissipé illusions des sens et surmonté les difficultés que leur opposait l’ignorance lois de la Mécanique.

Ces vérités eurent encore à vaincre des obstacles d’un autre genre et qui, naissant d’un fond respecté, les auraient étouffées si les progrès rapides de toutes les sciences mathématiques n’eussent concouru à les affermir. La religion fut invoquée pour détruire un système astronomique, et l’on tourmenta par des persécutions réitérées l’un de ses défenseurs, dont les découvertes honoraient l’Italie. Rheticus, disciple de Copernic, fut le premier qui en adopta les idées ; mais elles ne prirent une grande faveur que vers le commencement du xviie siècle, et elles la durent principalement aux travaux et aux malheurs de Galilée.

Un heureux hasard venait de faire trouver le plus merveilleux instrument que l’industrie humaine ait découvert, et qui, en donnant