Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/448

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous arrivons enfin à l’époque où l’Astronomie, sortant de la sphère étroite qui l’avait renfermée jusqu’alors, s’éleva par des progrès rapides et continus à la hauteur où nous la voyons. Purbach, Regiomontanus et Walterus préparèrent ces beaux jours de la Science, et Copernic les fit naître par l’explication heureuse des phénomènes célestes, au moyen des mouvements de la Terre sur elle-même et autour du Soleil. Choqué, comme Alphonse, de l’extrême complication du système de Ptolémée, il chercha dans les anciens philosophes une disposition plus simple de l’univers ; il reconnut que plusieurs d’entre eux avaient mis Vénus et Mercure en mouvement autour du Soleil ; que Nicétas, suivant le rapport de Cicéron, faisait tourner la Terre sur son axe et, par ce moyen, affranchissait la sphère céleste de l’inconcevable vitesse qu’il fallait lui supposer pour accomplir sa révolution diurne. Aristote et Plutarque lui apprirent que les Pythagoriciens faisaient mouvoir la Terre et les planètes autour du Soleil, qu’ils plaçaient au centre du monde. Ces idées lumineuses le frappèrent ; il les appliqua aux observations astronomiques, que le temps avait multipliées, et il eut la satisfaction de les voir se plier sans effort à la théorie du mouvement de la Terre. La révolution diurne du ciel ne fut qu’une illusion due à la rotation de la Terre, et la précession des équinoxes se réduisit à un mouvement dans l’axe terrestre. Les cercles imaginés par Ptolémée pour expliquer les mouvements directs et rétrogrades des planètes disparurent ; Copernic ne vit dans ces singuliers phénomènes que des apparences produites par la combinaison du mouvement de la Terre autour du Soleil avec celui des planètes, et il en conclut les dimensions respectives de leurs orbes, jusqu’alors ignorées. Enfin tout annonçait dans ce système cette belle simplicité qui nous charme dans les moyens de la nature, quand nous sommes assez heureux pour les connaître. Copernic le publia dans son Ouvrage sur les Révolutions célestes : pour ne pas révolter les préjugés reçus, il le présenta comme une hypothèse. « Les astronomes, » dit-il, dans sa dédicace au pape Paul , « s’étant permis d’imaginer des cercles pour expliquer les mouvements des astres, j’ai cru pouvoir également examiner si la supposition du mouve-