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division du temps si différente de celles qui ont été en usage dans cette partie du monde ? Ce sont des questions qu’il paraît impossible de résoudre.

Il existe, dans les nombreux manuscrits que renferment nos bibliothèques, beaucoup d’observations anciennes encore inconnues, qui répandraient un grand jour sur l’Astronomie, et spécialement sur les inégalités séculaires des mouvements célestes. Leur recherche doit fixer l’attention des savants versés dans les langues orientales ; car les grandes variations du Système du Monde ne sont pas moins intéressantes à connaître que les révolutions des empires. La postérité, qui pourra comparer une longue suite d’observations très exactes à la théorie de la pesanteur universelle, jouira de leur accord beaucoup mieux que nous, à qui l’antiquité n’a laissé que des observations le plus souvent incertaines. Mais ces observations, soumises à une saine critique, peuvent, du moins en partie, compenser par leur nombre les erreurs dont elles sont susceptibles et nous tenir lieu d’observations précises, de même qu’en Géographie, pour fixer la position des lieux, on supplée les observations astronomiques en comparant entre elles les diverses relations des voyageurs. Ainsi, quoique le tableau que nous offre la série des observations depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours soit fort imparfait, cependant on y voit d’une manière très sensible les variations de l’excentricité de l’orbe terrestre et de la position de son périgée, celles des mouvements séculaires de la Lune par rapport à ses nœuds, à son périgée et au Soleil, enfin les variations des éléments des orbes planétaires. La diminution successive de l’obliquité de l’écliptique pendant près de trois mille ans est surtout remarquable dans la comparaison des observations de Tcheou-Kong, de Pytheas, d’Ebn-Junis, de Cocheou-King, d’Ulugh-Beigh et des modernes.


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