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tails, nous a communiqué plusieurs de ces observations faites depuis 1277 jusqu’en 1280 ; elles sont précieuses par leur exactitude, et prouvent d’une manière incontestable les diminutions de l’obliquité de l’écliptique et de l’excentricité de l’orbe terrestre, depuis cette époque jusqu’à nos jours. Cocheou-King détermina avec une précision remarquable la position du solstice d’hiver par rapport aux étoiles en 1280 ; il le faisait coïncider avec l’apogée du Soleil, ce qui avait eu lieu trente ans auparavant ; la grandeur qu’il supposait à l’année est exactement celle de notre année grégorienne. Les méthodes chinoises pour le calcul des éclipes sont inférieures à celles des Arabes et des Perses ; les Chinois n’ont point profité des connaissances acquises par ces peuples, malgré leurs communications fréquentes avec eux ; ils ont étendu à l’Astronomie elle-même l’attachement constant qu’ils portent à leurs anciens usages.

L’histoire de l’Amérique avant sa conquête par les Espagnols nous offre quelques vestiges d’Astronomie ; car les notions les plus élémentaires de cette science ont été chez tous les peuples les premiers fruits de leur civilisation. Les Mexicains avaient, au lieu de la semaine, une petite période de cinq jours ; leurs mois étaient chacun de vingt jours, et dix-huit de ces mois formaient leur année, qui commençait au solstice d’hiver et à laquelle ils ajoutaient cinq jours complémentaires. Il y a lieu de penser qu’ils composaient de la réunion de cent quatre ans un grand cycle, dans lequel ils intercalaient vingt-cinq jours. Cela suppose une durée de l’année tropique plus exacte que celle d’Hipparque, et, ce qui est remarquable, elle est la même à très peu près que l’année des astronomes d’Almamon. Les Péruviens et les Mexicains observaient avec soin les ombres du gnomon aux solstices et aux équinoxes ; ils avaient même élevé pour cet objet des colonnes et des pyramides. Cependant, quand on considère la difficulté de parvenir à une détermination aussi exacte de la longueur de l’année, on est porté à croire qu’elle n’est pas leur ouvrage et qu’elle leur est venue de l’ancien continent. Mais de quel peuple et par quels moyens l’ont-ils reçue ? Pourquoi, si elle leur a été transmise par le nord de l’Asie, ont-ils une