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Les annales de la Chine nous ont offert les plus anciennes observations astronomiques ; elles nous présentent encore, vingt-quatre siècles après, les observations les plus précises que l’on ait faites avant le renouvellement de l’Astronomie, et même avant l’application du télescope au quart du cercle. On a vu que l’année astronomique des Chinois commençait au solstice d’hiver, et que, pour en fixer l’origine, on observa dans tous les temps les ombres méridiennes du gnomon vers les solstices. Gaubil, l’un des plus savants et des plus judicieux missionnaires jésuites envoyés dans cet empire, nous a fait connaître une suite d’observations de ce genre, qui s’étendent depuis l’an 1100 avant notre ère jusqu’en 1280 après. Elles indiquent avec évidence la diminution de l’obliquité de l’écliptique, qui, dans ce long intervalle, a été d’un millième de la circonférence. Tsoutchong, l’un des plus habiles astronomes chinois, comparant les observations qu’il fit à Nankin, en 461, avec celles que l’on avait faites à Loyang, dans l’année 173, détermina la grandeur de l’année tropique, plus exactement que ne l’avaient fait les Grecs et même les astronomes d’Almamon : il la trouva de 365j,24282, la même à très peu près que celle de Copernic. Pendant qu’Holagu-Ilecoukan faisait fleurir l’Astronomie en Perse, son frère Cobilai, fondateur, en 1271, de la dynastie des Yuen, lui accordait la même protection à la Chine ; il nomma chef du tribunal des Mathématiques Cocheou-King, le premier des astronomes chinois. Ce grand observateur fit construire des instruments beaucoup plus exacts que ceux dont on avait fait usage jusqu’alors : le plus précieux de tous était un gnomon de 40 pieds chinois, terminé par une plaque de cuivre, verticale et percée par un trou du diamètre d’une aiguille. C’est du centre de cette ouverture que Cocheou-King comptait la hauteur du gnomon ; il mesurait l’ombre jusqu’au centre de l’image du Soleil. « Jusqu’ici, » dit-il, « on n’observait que le bord supérieur du Soleil, et l’on avait de la peine à distinguer le terme de l’ombre ; d’ailleurs, le gnomon de 8 pieds dont on s’est constamment servi est trop court. Ces motifs m’ont porté à faire usage d’un gnomon de 40 pieds et à prendre le centre de l’image. » Gaubil, dont nous tenons ces dé-