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portance garantit la justesse de leurs observations. Ils donnèrent encore une attention particulière à la mesure du temps par des clepsydres, par d’immenses cadrans solaires et même par les vibrations du pendule. Malgré cela, leurs observations d’éclipses présentent presque autant d’incertitude que celles des Chaldéens et des Grecs, et leurs observations du Soleil et de la Lune sont loin d’avoir sur celles d’Hipparque une supériorité qui puisse compenser l’avantage de la distance qui nous sépare de ce grand observateur. L’activité des astronomes arabes, bornée aux observations, ne s’est point étendue à la recherche de nouvelles inégalités, et sur ce point ils n’ont rien ajouté aux hypothèses de Ptolémée. Cette vive curiosité qui nous attache aux phénomènes, jusqu’à ce que les lois et la cause en soient parfaitement connues, caractérise les savants de l’Europe moderne.

Les Perses, soumis longtemps aux mêmes souverains que les Arabes et professant la même religion, secouèrent vers le milieu du xie siècle le joug des califes. À cette époque, leur calendrier reçut, par les soins de l’astronome Omar-Cheyan, une forme nouvelle, fondée sur l’intercalation ingénieuse de huit années bissextiles en trente-trois ans, intercalation que Dominique Cassini, à la fin de l’avant-dernier siècle, proposa comme plus exacte et plus simple que l’intercalation grégorienne, ignorant que les Perses la connaissaient depuis longtemps. Dans le xiiie siècle, Holagu-Ilecoukan, un de leurs souverains, rassembla les astronomes les plus instruits à Maragha, où il fit construire un magnifique observatoire, dont il confia la direction à Nassi-redin. Mais aucun prince de cette nation ne se distingua plus par son zèle pour l’Astronomie qu’Ulugh-Beigh, que l’on doit mettre au rang des plus grands observateurs. Il dressa lui-même à Samarcande, capitale de ses États, un nouveau Catalogue d’étoiles, et les meilleures Tables astronomiques que l’on ait eues avant Tycho Brahe. Il mesura en 1437, avec un grand instrument, l’obliquité de l’écliptique, et son résultat, corrigé de la réfraction et de la fausse parallaxe qu’il avait employée, donne cette obliquité plus grande qu’au commencement de ce siècle, ce qui confirme sa diminution successive.