Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/442

Cette page a été validée par deux contributeurs.

commandable, parmi lesquels Albatenius occupe une place distinguée. Ce prince arabe fit ses observations à Aracte, vers l’an 880. Son Traité De la Science des Étoiles contient plusieurs observations intéressantes et les principaux éléments des théories du Soleil et de la Lune ; ils diffèrent très peu de ceux des astronomes d’Almamon. Son Ouvrage ayant été pendant longtemps le seul Traité connu de l’Astronomie arabe, on lui attribua les changements avantageux qu’il apportait aux éléments des Tables de Ptolémée. Mais un fragment précieux extrait de l’Astronomie d’Ebn-Junis, et que M. Caussin a bien voulu traduire, à ma prière, nous a fait connaître que ces changements sont dus aux auteurs de la Table vérifiée. Il nous a, de plus, donné sur l’Astronomie arabe des notions précises et fort étendues. Ebn-Junis, astronome du calife d’Égypte Hakem, observait au Caire vers l’an 1000. Il rédigea un grand Traité d’Astronomie, et il construisit des Tables des mouvements célestes, célèbres dans l’Orient par leur exactitude et qui paraissent avoir servi de fondement aux Tables formées depuis par les Arabes et par les Perses. On voit dans ce fragment, depuis le siècle d’Almanzor jusqu’au temps d’Ebn-Junis, une longue suite d’observations d’éclipses d’équinoxes, de solstices, de conjonctions de planètes et d’occultations d’étoiles, observations importantes pour la perfection des théories astronomiques, qui ont fait connaître l’équation séculaire de la Lune et répandu beaucoup de lumière sur les grandes variations du Système du Monde. Ces observations ne sont encore qu’une faible partie de celles des astronomes arabes dont le nombre a été prodigieux. Ils étaient parvenus à reconnaître l’inexactitude des observations de Ptolémée sur les équinoxes, et en comparant leurs observations soit entre elles, soit avec celles d’Hipparque, ils avaient fixé avec une grande précision la longueur de l’année : celle d’Ebn-Junis n’excède pas de treize secondes la nôtre, qu’elle devait surpasser de cinq secondes. Il paraît, par son Ouvrage et par les titres de plusieurs manuscrits existants dans nos bibliothèques, que les Arabes s’étaient spécialement occupés de la perfection des instruments astronomiques ; les Traités qu’ils ont laissés sur cet objet prouvent l’importance qu’ils y attachaient, et cette im-