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meux Aaron-al-Reschid. Almamon régnait à Bagdad en 814. Vainqueur de l’empereur grec Michel III, il imposa pour une des conditions de la paix qu’on lui fournirait les meilleurs livres de la Grèce : l’Almageste fut de ce nombre ; il le fit traduire et répandit ainsi parmi les Arabes les connaissances astronomiques qui avaient illustré l’école d’Alexandrie. Pour les perfectionner, il rassembla plusieurs astronomes distingués qui, après avoir fait un grand nombre d’observations, publièrent de nouvelles Tables du Soleil et de la Lune, plus parfaites que celles de Ptolémée et longtemps célèbres dans l’Orient sous le nom de Table vérifiée. Dans cette Table, le périgée solaire a la position qu’il devait avoir ; l’équation du centre du Soleil, beaucoup trop grande dans Hipparque, est réduite à sa véritable valeur ; mais cette précision devenait alors une source d’erreurs dans le calcul des éclipses, où l’équation annuelle de la Lune corrigeait en partie l’inexactitude de l’équation du centre du Soleil, adoptée par cet astronome. La durée de l’année tropique est plus exacte que celle d’Hipparque ; elle est cependant trop courte d’environ deux minutes ; mais cette erreur vient de ce que les auteurs de la Table vérifiée comparèrent leurs observations à celles de Ptolémée ; l’erreur aurait été presque nulle s’ils eussent employé les observations d’Hipparque. C’est encore par cette raison qu’ils supposèrent la précession des équinoxes un peu trop grande.

Almamon fit mesurer avec un grand soin, dans une vaste plaine de la Mésopotamie, un degré terrestre, que l’on trouva de deux cent mille cinq cents coudées noires. Cette mesure offre la même incertitude que celle d’Ératosthène, relativement à la longueur du module dont on fit usage. Toutes ces mesures ne peuvent maintenant nous intéresser qu’en faisant connaître ces modules. Mais les erreurs dont ces opérations étaient alors susceptibles ne permettent pas d’en retirer cet avantage, qui ne peut résulter que de la précision des opérations modernes, au moyen desquelles on pourra toujours retrouver nos mesures, si par la suite des temps leurs étalons viennent à s’altérer.

Les encouragements donnés à l’Astronomie par Almamon et par ses successeurs produisirent un grand nombre d’astronomes arabes très re-