Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/440

Cette page a été validée par deux contributeurs.



CHAPITRE III.
DE L’ASTRONOMIE DEPUIS PTOLÉMÉE JUSQU’À SON RENOUVELLEMENT EN EUROPE.
_________



Les travaux de Ptolémée terminent les progrès de l’Astronomie dans l’école d’Alexandrie. Cette école subsista pendant cinq siècles encore ; mais les successeurs de Ptolémée se bornèrent à commenter ses Ouvrages, sans rien ajouter à ses théories, et les phénomènes que le ciel offrit dans un intervalle de plus de six cents ans manquèrent, presque tous, d’observateurs. Rome, pendant longtemps le séjour des vertus, de la gloire et des lettres, ne fit rien d’utile aux sciences. La considération attachée dans cette République à l’éloquence et aux talents militaires entraîna tous les esprits. Les sciences, n’y présentant aucun avantage, durent être négligées au milieu des conquêtes que son ambition lui fit entreprendre, et de ses querelles intestines qui produisirent enfin les guerres civiles dans lesquelles son inquiète liberté expira et fut remplacée par le despotisme souvent orageux de ses Empereurs. Le déchirement de l’empire, suite inévitable de sa trop vaste étendue, amena sa décadence, et le flambeau des sciences, éteint par les irruptions des barbares, ne se ralluma que chez les Arabes.

Ce peuple, exalté par le fanatisme d’une religion nouvelle, après avoir étendu sa puissance et cette religion sur une grande partie de la terre, se fut à peine reposé dans la paix qu’il se livra aux sciences avec ardeur. Vers le milieu du viiie siècle, le calife Almanzor encouragea d’une manière spéciale l’Astronomie. Mais, parmi les princes arabes qui se distinguèrent par leur amour pour les sciences, l’histoire cite principalement Almamon, de la famille des Abassides, et fils du fa-