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Ptolémée inscrivit dans le temple de Sérapis, à Canope, les principaux éléments de son système astronomique. Ce système a subsisté pendant quatorze siècles ; aujourd’hui même qu’il est entièrement détruit, l’Almageste, considéré comme le dépôt des anciennes observations, est un des plus précieux monuments de l’antiquité. Malheureusement il ne renferme qu’un petit nombre des observations faites jusqu’alors. Son auteur n’a rapporté que celles qui lui étaient nécessaires pour établir ses théories. Les Tables astronomiques une fois formées, il a jugé inutile de transmettre avec elles à la postérité les observations qu’Hipparque et lui avaient employées pour cet objet, et son exemple a été suivi par les Arabes et par les Perses. Les grands recueils d’observations précises, rassemblées uniquement pour elles-mêmes et sans aucune application aux théories, appartiennent à l’Astronomie moderne, et sont l’un des moyens les plus propres à la perfectionner.

Ptolémée a rendu de grands services à la Géographie en rassemblant toutes les déterminations de longitude et de latitude des lieux connus, et en jetant les fondements de la méthode des projections pour la construction des cartes géographiques. Il a fait un Traité d’Optique, dans lequel il expose avec étendue le phénomène des réfractions astronomiques ; il est encore auteur de divers Ouvrages sur la Musique, la Chronologie, la Gnomonique et la Mécanique. Tant de travaux sur un si grand nombre d’objets supposent un esprit vaste et lui assurent un rang distingué dans l’histoire des sciences. Quand son système eut fait place à celui de la nature, on se vengea sur son auteur du despotisme avec lequel il avait régné trop longtemps ; on accusa Ptolémée de s’être approprié les découvertes de ses prédécesseurs. Mais la manière honorable dont il cite très souvent Hipparque à l’appui de ses théories le justifie pleinement de cette inculpation. À la renaissance des lettres parmi les Arabes et en Europe, ses hypothèses, réunissant à l’attrait de la nouveauté l’autorité de ce qui est ancien, furent généralement adoptées par les esprits avides de connaissances et qui se virent tout à coup en possession de celles que l’antiquité n’avait acquises que par de longs travaux. Leur reconnaissance éleva trop haut Ptolémée,