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clinaison de l’orbe lunaire au plan de l’écliptique, malgré les variations que ce plan éprouve par rapport aux étoiles et qui, par les observations anciennes, sont sensibles sur son obliquité à l’équateur, est un résultat de la pesanteur universelle, que les observations d’Hipparque confirment[1]. Enfin il détermina la parallaxe de la Lune, dont il essaya de conclure celle du Soleil, par la largeur du cône d’ombre terrestre au point où la Lune le traverse dans ses éclipses, ce qui le conduisit à la valeur de cette parallaxe, trouvée par Aristarque.

Hipparque fit un grand nombre d’observations des planètes ; mais, trop ami de la vérité pour former sur leurs mouvements des hypothèses incertaines, il laissa le soin à ses successeurs d’en établir les théories.

Une nouvelle étoile qui parut de son temps lui fit entreprendre un catalogue de ces astres, pour mettre la postérité en état de reconnaître les changements que le spectacle du ciel pourrait éprouver ; il sentait d’ailleurs l’importance de ce catalogue pour les observations de la Lune et des planètes. La méthode dont il se servit est celle qu’Aristille et Timocharis avaient déjà employée. Le fruit de cette longue et pénible entreprise fut l’importante découverte de la précession des équinoxes. En comparant ses observations à celles de ces astronomes, Hipparque reconnut que les étoiles avaient changé de position par rapport à l’équateur, et qu’elles avaient conservé la même latitude au-dessus de l’écliptique. Il soupçonna d’abord que cela n’avait lieu que pour les étoiles situées dans le zodiaque ; mais, ayant observé qu’elles conservaient toutes la même position respective, il en conclut que ce

  1. Kepler a remarqué cette constance à la fin de son Epitome de l’Astronomie copernicienne ; mais il la fonde sur une considération très singulière. « Il convient », dit-il, « que la Lune, planète secondaire et satellite de la Terre, ait une inclinaison constante sur l’orbe terrestre, quelques variations que le plan éprouve dans sa position relative aux étoiles ; et si les observations anciennes sur les plus grandes latitudes de la Lune et sur l’obliquité de l’écliptique se refusaient à cette hypothèse, il faudrait, plutôt que la rejeter, les révoquer en doute. » Ici les raisons de convenance et d’harmonie ont conduit Kepler à un résultat juste ; mais combien de fois ne l’ont-elles pas égaré ? En se livrant ainsi à son imagination et à l’esprit de conjectures, on peut rencontrer la vérité par un heureux hasard ; mais l’impossibilité de la reconnaître, au milieu des erreurs dont elle est presque toujours accompagnée, laisse tout le mérite de sa découverte à celui qui l’établit solidement par l’observation et par le calcul, les seules bases des connaissances humaines.