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son centre, il l’en éloigna de la vingt-quatrième partie du rayon, et il fixa l’apogée au sixième degré des Gémeaux. Avec ces données, il forma les premières Tables du Soleil mentionnées dans l’histoire de l’Astronomie. L’équation du centre qu’elles supposent était trop grande ; on peut croire avec vraisemblance que la comparaison des éclipses, dans lesquelles cette équation paraît augmentée de l’équation annuelle de la Lune, a confirmé Hipparque dans son erreur et peut-être l’a produite ; car cette erreur, qui surpassait un sixième de la valeur entière de l’équation, se réduisait au seizième de cette valeur dans le calcul de ces phénomènes. Il se trompait encore en supposant circulaire l’orbe elliptique du Soleil et en regardant comme uniforme la vitesse réelle de cet astre. Nous sommes assurés aujourd’hui du contraire par les mesures de son diamètre apparent ; mais ce genre d’observations était impossible au temps d’Hipparque, et ses Tables du Soleil, malgré leur imperfection, sont un monument durable de son génie, que Ptolémée respecta au point d’y assujettir ses propres observations.

Ce grand astronome considéra ensuite les mouvements de la Lune.

Il détermina, par la comparaison d’éclipses choisies dans les circonstances les plus favorables, les durées de ses révolutions relativement aux étoiles, au Soleil, à ses nœuds et à son apogée. Il trouva qu’un intervalle de 126 007j renfermait 4 267 mois entiers, 4 573 retours d’anomalie, 4 612 révolutions sidérales de la Lune moins de la circonférence. Il trouva, de plus, qu’en {5 458 mois la Lune revenait 5 923 fois au même nœud de son orbite. Ce résultat, fruit d’un travail immense sur un très grand nombre d’observations dont il ne nous reste qu’une très petite partie, est peut-être le monument le plus précieux de l’ancienne Astronomie, par son exactitude et parce qu’il représente à cette époque la durée sans cesse variable de ces révolutions. Hipparque détermina encore l’excentricité de l’orbe lunaire et son inclinaison à l’écliptique, et il les trouva les mêmes, à très peu près, que celles qui ont lieu maintenant dans les éclipses, où l’on sait que l’un et l’autre de ces éléments sont diminués par l’évection et par l’inégalité principale du mouvement de la Lune en latitude. La constance de l’in-