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De tous les astronomes anciens, celui qui, par le grand nombre et par la précision des observations, par les conséquences importantes qu’il sut tirer de leur comparaison entre elles et avec les observations antérieures, et par la méthode qui le guida dans ses recherches, mérita le mieux de l’Astronomie, est Hipparque, de Nicée en Bithynie, qui vécut dans le iie siècle avant notre ère. Ptolémée, à qui nous devons principalement la connaissance de ses travaux et qui s’appuie sans cesse sur ses observations et sur ses théories, le qualifie avec justice « d’astronome d’une grande adresse, d’une sagacité rare, et sincère ami de la vérité ». Peu content de ce qu’on avait fait jusqu’alors, Hipparque voulut recommencer et n’admettre que des résultats fondés sur une nouvelle discussion des observations ou sur des observations nouvelles plus exactes que celles de ses prédécesseurs. Rien ne fait mieux connaître l’incertitude des observations égyptiennes et chaldéennes sur le Soleil et sur les étoiles que la nécessité où il se trouva d’employer celles des premiers astronomes d’Alexandrie pour établir ses théories du Soleil et de la précession des équinoxes. Il détermina la durée de l’année tropique, en comparant une de ses observations du solstice d’été avec celle d’un pareil solstice qu’Aristarque avait faite dans l’année 281 avant notre ère. Cette durée lui parut un peu moindre que l’année de 365j adoptée jusqu’alors, et il trouva qu’à la fin de trois siècles il fallait retrancher un jour. Mais il remarqua lui-même le peu d’exactitude d’une détermination fondée sur les observations des solstices et l’avantage de se servir pour cet objet des observations des équinoxes. Celles qu’il fit dans un intervalle de trente-trois ans le conduisirent à peu près au même résultat. Hipparque reconnut encore que les deux intervalles d’un équinoxe à l’autre étaient inégaux entre eux et inégalement partagés par les solstices, de manière qu’il s’écoulait quatre-vingt-quatorze jours et demi de l’équinoxe du printemps au solstice d’été, et quatre-vingt-douze jours et demi de ce solstice à l’équinoxe d’automne.

Pour expliquer ces différences, Hipparque fit mouvoir le Soleil uniformément dans un orbe circulaire ; mais, au lieu de placer la Terre à