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mède qu’il faisait le diamètre du Soleil égal à la partie du zodiaque, ce qui tient le milieu entre les limites qu’Archimède lui-même, peu d’années après, assigna par un procédé très ingénieux à ce diamètre. Cette correction fut inconnue à Pappus, géomètre célèbre d’Alexandrie qui vécut dans le ive siècle et qui commenta le traité d’Aristarque. Cela peut faire soupçonner que l’incendie d’une partie considérable de la bibliothèque d’Alexandrie, pendant le siège que César soutint dans cette ville, avait déjà fait disparaître la plupart des écrits d’Aristarque, ainsi qu’un grand nombre d’autres ouvrages également précieux.

Aristarque fit revivre l’opinion de l’école Pythagoricienne sur le mouvement de la Terre ; mais nous ignorons jusqu’à quel point il avait avancé par ce moyen l’explication des phénomènes célestes. Nous savons seulement que ce judicieux astronome, considérant que le mouvement de la Terre n’affecte point d’une manière sensible la position apparente des étoiles, les avait éloignées de nous incomparablement plus que le Soleil ; il paraît être ainsi dans l’antiquité celui qui eut les plus justes notions de la grandeur de l’univers. Elle nous ont été transmises par Archimède, dans son Traité de l’Arénaire. Ce grand géomètre avait découvert le moyen d’exprimer tous les nombres, en les concevant formés de périodes successives de myriades de myriades : les unités de la première étaient des unités simples ; celles de la seconde étaient des myriades de myriades, et ainsi de suite ; il désignait les parties de chaque période par les mêmes caractères que les Grecs employaient dans leur numération jusqu’à cent millions. Pour faire sentir l’avantage de sa méthode, Archimède se propose d’exprimer le nombre des grains de sable que la sphère céleste peut contenir, problème dont il accroît la difficulté, en choisissant l’hypothèse qui donne à cette sphère la plus grande étendue : c’est dans cette vue qu’il expose le sentiment d’Aristarque.

La mesure de la Terre attribuée à Ératosthène est la première tentative de ce genre que nous offre l’histoire de l’Astronomie. Il est très vraisemblable que longtemps auparavant on avait essayé de mesurer la Terre ; mais il ne reste de ces opérations que quelques évaluations de