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LIVRE V.
PRÉCIS DE L’HISTOIRE DE L’ASTRONOMIE.




Multi pertransibunt, et augebitur scientia.
Bacon.


Nous venons d’exposer les principaux résultats du système du monde, suivant l’ordre analytique le plus direct et le plus simple. Nous avons d’abord considéré les apparences des mouvements célestes, et leur comparaison nous a conduits aux mouvements réels qui les produisent. Pour nous élever au principe régulateur de ces mouvements, il fallait connaître les lois du mouvement de la matière, et nous les avons développées avec étendue. En les appliquant ensuite aux corps du système solaire, nous avons reconnu qu’il existe entre eux, et même entre leurs plus petites molécules, une attraction proportionnelle aux masses et réciproque au carré des distances. Redescendant enfin de cette force universelle à ses effets, nous en avons vu naître, non seulement tous les phénomènes connus ou simplement entrevus par les astronomes, mais encore un grand nombre d’autres entièrement nouveaux et que l’observation a vérifiés.

Ce n’est pas ainsi que l’esprit humain est parvenu à ces découvertes. L’ordre précédent suppose que l’on a sous les yeux l’ensemble des observations anciennes et modernes, et que, pour les comparer et pour en déduire les lois des mouvements célestes et les causes de leurs inégalités, on fait usage de toutes les ressources que présentent aujourd’hui l’Analyse et la Mécanique. Mais ces deux branches de nos connaissances s’étant perfectionnées successivement avec l’Astronomie, leur état à ces diverses époques a nécessairement influé sur les théories astronomiques. Plusieurs hypothèses ont été généralement admises, quoique