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colonne d’eau de 600m. Une pression aussi considérable comprime fortement les couches intérieures de ce liquide, et accroît leur densité qui, par cette raison, doit surpasser celle d’une lame d’eau isolée d’une épaisseur plus petite que la sphère d’activité sensible de ses molécules. Est-il invraisemblable de supposer que ce cas est celui de l’enveloppe aqueuse des vapeurs vésiculaires, qui par là deviennent beaucoup plus légères ?

L’attraction moléculaire est la cause de l’agrégation des molécules homogènes et de la solidité des corps. Elle est la source des affinités des molécules hétérogènes. Semblable à la pesanteur, elle ne s’arrête point à la superficie des corps, mais elle les pénètre, en agissant au delà du contact à des distances imperceptibles : c’est ce que les phénomènes capillaires montrent avec évidence. De là dépend l’influence des masses dans les affinités chimiques, ou cette capacité de saturation, dont Berthollet a si heureusement développé les effets. Ainsi deux acides, en agissant sur une même base, se la partagent en raison de leurs affinités avec elle ; ce qui n’aurait point lieu, si l’affinité n’agissait qu’au contact ; car alors l’acide le plus puissant retiendrait la base entière. La figure des molécules, l’électricité, la chaleur, la lumière et d’autres causes, en se combinant avec cette loi générale, modifient ses effets. Des expériences de M. Gay-Lussac sur les phénomènes capillaires des mélanges formés de proportions diverses d’eau et d’alcool semblent indiquer ces modifications ; car ces phénomènes ne suivent point exactement les lois qui résultent des attractions respectives des deux fluides mêlés ensemble et des pesanteurs spécifiques.

Ici se présente une question intéressante. La loi de l’attraction moléculaire relative aux distances est-elle la même pour tous les corps ? Cela semble résulter du phénomène général observé par Richter, et qui consiste en ce que les rapports des bases qui saturent un acide sont les mêmes pour tous les acides ; dans ce cas, la loi de la capillarité est aussi la même pour tous les liquides.

Les molécules d’un corps solide ont la position dans laquelle leur résistance à un changement d’état est le plus grande. Chaque molé-