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le dénominateur est cette distance, et dont le numérateur est la hauteur à laquelle le liquide s’élèverait dans un tube cylindrique dont le diamètre serait celui du cône, au milieu de la colonne. Des résultats semblables ont lieu pour une goutte liquide placée entre deux plans qui se touchent par leurs bords supposés horizontaux, en formant entre eux un angle égal à l’angle formé par l’axe du cône et ses côtés ; l’inclinaison à l’horizon du plan qui divise également l’angle formé par les plans doit être la même que celle de l’axe du cône pour que la goutte reste en équilibre. Les expériences que l’on a faites sur cet objet confirment les résultats de la théorie.

La figure des liquides compris entre les plans qui font entre eux des angles quelconques, celles des gouttes liquides s’appuyant sur un plan, l’écoulement des liquides par des siphons capillaires et beaucoup d’autres phénomènes semblables ont été soumis, comme les précédents, à l’Analyse. L’accord de ses résultats avec l’expérience prouve d’une manière incontestable l’existence dans tous les corps d’une attraction moléculaire décroissante avec une extrême rapidité, et qui, modifiée dans les liquides par la figure des espaces étroits qui les renferment, produit tous les phénomènes de la capillarité.

Ces phénomènes étant ramenés à une théorie mathématique, il était nécessaire, pour la comparer exactement avec la nature, d’avoir sur cet objet une suite d’expériences très précises. Le besoin de semblables expériences se fait sentir à mesure que la Physique, en se perfectionnant, rentre dans le domaine de l’Analyse. On peut alors, par leur comparaison avec les théories, élever celles-ci au plus haut degré de certitude dont les sciences physiques soient susceptibles. Les expériences que M. Gay-Lussac a bien voulu faire, à ma prière, sur les effets de la capillarité, et auxquelles il a su donner toute l’exactitude des observations astronomiques, ont procuré cet avantage à la théorie que nous venons d’exposer.

Quand on est parvenu à la véritable cause des phénomènes, il est curieux de porter la vue en arrière et de considérer jusqu’à quel point les hypothèses imaginées pour les expliquer s’en rapprochent. Newton