Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/398

Cette page a été validée par deux contributeurs.

action capillaire écartent le liquide, et alors on conçoit qu’ils doivent, pour être en équilibre, suppléer par leur poids celui du liquide écarté. En général, l’augmentation du poids d’un corps de figure quelconque, due à l’action capillaire, est égale au poids du volume de liquide qu’il élève au-dessus du niveau par l’action capillaire, et si le liquide est déprimé au-dessous, l’augmentation de poids se change en diminution, et le poids du corps en équilibre est alors égal au poids d’un volume de liquide, pareil à celui que le corps déplace, soit par l’espace qu’il occupe au-dessous du niveau, soit par l’espace qu’il laisse vide, en écartant le liquide par l’action capillaire.

Ce principe embrasse le principe connu d’Hydrostatique sur la diminution du poids d’un corps plongeant dans un liquide ; il suffit d’en supprimer ce qui est relatif à l’action capillaire qui disparaît totalement, quand le corps est entièrement plongé dans le liquide au-dessous du niveau. Pour le démontrer, imaginons un canal vertical assez large pour embrasser le corps et tout le volume sensible de liquide qu’il soulève ou qu’il laisse vide par l’action capillaire ; supposons que ce canal, après avoir pénétré dans le liquide, devienne horizontal, et qu’ensuite il se relève verticalement jusqu’à la surface du liquide, en conservant toujours la même largeur. Il est clair que, dans l’état d’équilibre, les poids contenus dans les deux branches verticales de ce canal doivent être égaux ; il faut donc que le corps, par sa légèreté spécifique, compense le poids du liquide élevé par l’action capillaire, ou, si cette action le déprime, il faut que, par sa pesanteur spécifique, il compense le vide que cette action produit. Dans le premier cas, l’action capillaire tend à faire plonger le corps dans le liquide ; dans le second cas, cette action soulève le corps, qui peut être par là maintenu à la surface du liquide, quoique spécifiquement plus pesant.

C’est ainsi qu’un cylindre d’acier très délié, dont le contact avec l’eau est empêché par un vernis ou par une couche d’air qui l’enveloppe, se soutient à la surface de ce liquide. Si l’on place ainsi horizontalement sur l’eau deux cylindres égaux et parallèles qui se touchent de manière qu’ils se dépassent mutuellement, on observe qu’à l’instant