Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/385

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Examinons présentement les forces dont le liquide du premier tube est animé. Il éprouve dans sa partie inférieure les attractions suivantes : 1o Il est attiré par lui-même ; mais les attractions réciproques d’un corps ne lui impriment aucun mouvement, s’il est solide, et l’on peut, sans troubler l’équilibre, concevoir le liquide du premier tube consolidé. 2o Ce liquide est attiré par le liquide inférieur du second tube ; mais on vient de voir que les attractions réciproques de ces deux liquides se détruisent et qu’il n’en faut point tenir compte. 3o Il est attiré par le liquide extérieur qui environne le second tube, et de cette attraction résulte une force verticale dirigée vers le bas et que nous désignerons par seconde force. Nous observerons ici que, si la loi d’attraction relative à la distance est la même pour les molécules du premier tube et pour celles du liquide, en sorte qu’elles ne diffèrent que par leurs intensités à volume égal, ces intensités sont entre elles dans le rapport de la première à la seconde force ; car la surface intérieure du liquide environnant le second tube est la même que la surface intérieure du premier tube ; les deux masses ne diffèrent donc que par leur épaisseur ; mais l’attraction des masses devenant insensible à des distances sensibles, la différence de leurs épaisseurs n’en produit aucune dans leurs attractions, pourvu que ces épaisseurs soient sensibles. 4o Enfin, le liquide du premier tube est attiré verticalement en haut par ce tube. Concevons, en effet, ce liquide partagé dans une infinité de petites colonnes verticales ; si par l’extrémité supérieure d’une de ces colonnes on mène un plan horizontal, la partie du tube inférieure à ce plan ne produit aucune force verticale dans la colonne ; il n’y a donc de force verticale produite par ce tube que celle qui est due à sa partie supérieure au plan, et il est visible que l’attraction verticale de cette partie du tube sur la colonne est la même que celle du tube entier sur une colonne égale et semblablement placée dans le second tube. La force verticale entière produite par l’attraction du premier tube sur le liquide qu’il renferme est donc égale à celle que produit l’attraction de ce tube sur le liquide renfermé dans le second tube ; cette force est donc égale à la première force.