Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/379

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la réfraction de la lumière. Descartes eut à ce sujet avec Fermat une longue querelle, que les Cartésiens prolongèrent après sa mort, et qui fournit à Fermat l’occasion heureuse d’appliquer sa belle méthode de maximis et minimis aux expressions radicales. En considérant cet objet sous un point de vue métaphysique, il chercha la loi de la réfraction par le principe que nous avons exposé précédemment, et il fut très surpris d’arriver à celle de Descartes. Mais ayant trouvé que, pour satisfaire à son principe, la vitesse de la lumière devait être plus petite dans les milieux diaphanes que dans le vide, pendant que Descartes la faisait plus grande, ce qui lui paraissait invraisemblable, il se confirma dans la pensée que la démonstration de ce grand géomètre était fautive.

On a vu, dans le Chapitre II du Livre III, comment le principe de Fermat a conduit à celui de la moindre action, dont l’application au mouvement de la lumière dans les corps diaphanes cristallisés fait dépendre les lois de la réfraction et de la réflexion de celle de l’action de ces corps sur la lumière ; ce qui prouve que ce genre de phénomènes est le résultat de forces attractives et révulsives, et place la loi d’Huygens au rang des vérités rigoureuses.

En examinant avec attention les phénomènes capillaires, aussi variés que ceux du mouvement de la lumière, j’ai reconnu qu’ils dépendent comme eux de forces attractives, qui cessent d’être sensibles aux plus petites distances perceptibles à nos sens, et je suis parvenu, au moyen de cette propriété seule, à les soumettre à une analyse rigoureuse. Considérons d’abord le principal de ces phénomènes, celui de l’ascension et de la dépression des liquides dans les tubes très étroits.

Si l’on trempe dans une eau dormante le bout d’un tube cylindrique de verre fort menu, l’eau s’élèvera dans ce tube, à une hauteur réciproquement proportionnelle au diamètre de sa cavité. Si ce diamètre est de 1mm, et si l’intérieur du tube est très humecté, la hauteur de l’eau au-dessus du niveau sera de 30mm,5 à fort peu près, à la température de 10°. Tous les liquides présentent des phénomènes semblables, mais leurs élévations ne sont pas les mêmes ; quelques-uns, au lieu de