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CHAPITRE XVIII.
DE L’ATTRACTION MOLÉCULAIRE.
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L’attraction disparaît entre les corps d’une grandeur peu considérable : elle reparaît dans leurs éléments sous une infinité de formes. La solidité, la cristallisation, la réfraction de la lumière, l’élévation et l’abaissement des liquides dans les espaces capillaires, et généralement toutes les combinaisons chimiques sont le résultat de forces dont la connaissance est un des principaux objets de l’étude de la nature. Ainsi la matière est soumise à l’empire de diverses forces attractives : l’une d’elles, s’étendant indéfiniment dans l’espace, régit les mouvements de la Terre et des corps célestes ; tout ce qui tient à la constitution intime des substances qui les composent dépend principalement des autres forces dont l’action n’est sensible qu’à des distances imperceptibles. Il est presque impossible, par cette raison, de connaître les lois de leur variation avec la distance ; heureusement la propriété de n’être sensibles qu’extrêmement près du contact suffit pour soumettre à l’Analyse un grand nombre de phénomènes intéressants qui en dépendent. Je vais ici présenter succinctement les principaux résultats de cette Analyse, et par là compléter la théorie mathématique de toutes les forces attractives de la nature.

On a vu, dans le Livre Ier, qu’un rayon lumineux, en passant du vide dans un milieu transparent, s’infléchit de manière que le sinus d’incidence est au sinus de réfraction en raison constante. Cette loi fondamentale de la dioptrique est le résultat de l’action du milieu sur la lumière, en supposant que cette action n’est sensible qu’à des distances imperceptibles. Concevons, en effet, le milieu terminé par une surface