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CHAPITRE XIV.
DE LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES ET DE LA NUTATION DE L’AXE DE LA TERRE.
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Tout est lié dans la nature, et ses lois générales enchaînent les uns aux autres les phénomènes qui semblent les plus disparates : ainsi la rotation du sphéroïde terrestre l’aplatit à ses pôles, et cet aplatissement, combiné avec l’action du Soleil et de la Lune, donne naissance à la précession des équinoxes, qui, avant la découverte de la pesanteur universelle, ne paraissait avoir aucun rapport au mouvement diurne de la Terre.

Imaginons que cette planète soit un sphéroïde homogène renflé à son équateur : on peut alors la considérer comme étant formée d’une sphère d’un diamètre égal à l’axe des pôles, et d’un ménisque qui recouvre cette sphère et dont la plus grande épaisseur est à l’équateur du sphéroïde. Les molécules de ce ménisque peuvent être regardées comme autant de petites lunes adhérentes entre elles et faisant leurs révolutions dans un temps égal à celui de la rotation de la Terre ; les nœuds de toutes leurs orbites doivent donc rétrograder par l’action du Soleil, comme les nœuds de l’orbe lunaire, et de ces mouvements rétrogrades il doit se composer, en vertu de la liaison de tous ces corps, un mouvement dans le ménisque, qui fait rétrograder ses points d’intersection avec l’écliptique ; mais ce ménisque, adhérant à la sphère qu’il recouvre, partage avec elle son mouvement rétrograde, qui, par là, est considérablement ralenti ; l’intersection de l’équateur avec l’écliptique, c’est-à-dire les équinoxes doivent donc, par l’action