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que l’on continue à Brest, et qui sont déposées à l’Observatoire royal, seront assez nombreuses pour donner la certitude que ces anomalies ne sont point dues aux erreurs des observations. Mais, avant que de modifier les principes dont j’ai fait usage, il faudra porter plus loin les approximations analytiques.

Enfin j’ai considéré le flux dont la période est d’environ un jour. En comparant les différences de deux hautes mers et de deux basses mers consécutives dans un grand nombre de syzygies solsticiales, j’ai déterminé la grandeur de ce flux et l’heure de son maximum dans le port de Brest. J’ai trouvé de mètre, à fort peu près, pour sa grandeur, et de jour environ pour le temps dont il précède, à Brest, l’heure du maximum de la marée semi-diurne. Quoique sa grandeur ne soit pas de la grandeur du flux semi-diurne, cependant les forces génératrices de ces deux flux sont à peu près égales, ce qui montre combien différemment les circonstances accessoires influent sur la grandeur des marées. On n’en sera point surpris, si l’on considère que, dans le cas même où la surface de la Terre serait régulière et recouverte entièrement par la mer, le flux diurne disparaîtrait si la profondeur de la mer était constante.

Les circonstances accessoires peuvent encore faire disparaître dans un port les inégalités semi-diurnes et rendre très sensibles les inégalités diurnes. Alors il n’y a chaque jour qu’une marée, qui disparaît lorsque les astres sont dans l’équateur. C’est ce que l’on a observé à Batsham, port du royaume de Tonquin, et dans quelques îles de la mer du Sud.

J’observerai, relativement à ces circonstances, que les unes s’étendent à la mer entière et se rapportent à des causes très éloignées du port où l’on observe les marées ; on ne peut douter, par exemple, que les ondulations de l’océan Atlantique et de la mer du Sud, réfléchies par la côte orientale de l’Amérique, qui s’étend presque d’un pôle à l’autre, n’aient une grande influence sur les marées du port de Brest. C’est principalement de ces circonstances que dépendent les phénomènes qui sont à peu près les mêmes dans nos ports. Tel paraît être le retard de