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CHAPITRE X.
DES ATMOSPHÈRES DES CORPS CÉLESTES.
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Un fluide rare, transparent, compressible et élastique, qui environne un corps, en s’appuyant sur lui, est ce que l’on nomme son atmosphère. Nous concevons autour de chaque corps céleste une pareille atmosphère, dont l’existence, vraisemblable pour tous, est, relativement au Soleil et à Jupiter, indiquée par les observations. À mesure que le fluide atmosphérique s’élève au-dessus du corps, il devient plus rare, en vertu de son ressort, qui le dilate d’autant plus qu’il est moins comprimé ; mais, si les parties de sa surface extérieure étaient élastiques, il s’étendrait sans cesse et finirait par se dissiper dans l’espace ; il est donc nécessaire que le ressort du fluide atmosphérique diminue dans un plus grand rapport que le poids qui le comprime, et qu’il existe un état de rareté dans lequel ce fluide soit sans ressort. C’est dans cet état qu’il doit être à la surface de l’atmosphère.

Toutes les couches atmosphériques doivent prendre à la longue un même mouvement angulaire de rotation, commun au corps qu’elles environnent ; car le frottement de ces couches les unes contre les autres et contre la surface du corps doit accélérer les mouvements les plus lents et retarder les plus rapides, jusqu’à ce qu’il y ait entre eux une parfaite égalité. Dans ces changements, et généralement dans tous ceux que l’atmosphère éprouve, la somme des produits des molécules du corps et de son atmosphère, multipliées respectivement par les aires que décrivent autour de leur centre commun de gravité leurs rayons vecteurs projetés sur le plan de l’équateur, reste toujours la même en