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vent être supposées les mêmes que dans le premier, savoir, la masse du globe, et la somme des aires décrites dans un temps donné par chacune de ses molécules rapportées au plan de son équateur. Les molécules se rapprochent du centre du globe, de de leur distance à ce point. L’aire qu’elles décrivent sur le plan de l’équateur, étant proportionnelle au carré de cette distance, diminuerait donc à fort peu près de , si la vitesse angulaire de rotation n’augmentait pas ; d’où il suit que, pour la constance de la somme des aires dans un temps donné, l’accroissement de cette vitesse et par conséquent la diminution de la durée de la rotation doivent être de  : telle est donc la diminution finale de cette durée. Mais, avant de parvenir à son état final, la température du globe diminue sans cesse, et plus lentement au centre qu’à la surface, en sorte que, par les observations de cette diminution, comparées à la théorie de la chaleur, on pourrait déterminer l’époque où le globe a été transporté dans le nouvel espace. La Terre paraît être dans un état semblable. Cela résulte des observations thermométriques faites dans des mines profondes, et qui indiquent un accroissement de chaleur très sensible, à mesure que l’on pénètre dans l’intérieur de la Terre. La moyenne des accroissements observés paraît être d’un degré centésimal pour un enfoncement de 32m ; mais un très grand nombre d’observations fera connaître exactement sa valeur, qui peut n’être pas la même dans tous les climats[1].

Il était nécessaire, pour avoir l’accroissement de la rotation de la Terre, de connaître la loi de diminution de la chaleur du centre à la surface. C’est ce que j’ai fait, dans le Livre XI de la Mécanique céleste, pour un globe primitivement échauffé d’une manière quelconque et de plus soumis à l’action échauffante d’une cause extérieure. La loi dont

  1. Imaginons, au-dessous d’un plateau d’une grande étendue et à la profondeur d’environ 3000m, un vaste réservoir d’eau entretenu par les eaux pluviales. Elles acquièrent à cette profondeur, par la chaleur terrestre, une température à peu près égale à celle de l’eau bouillante. Supposons ensuite que par la pression des colonnes d’eau adjacentes, ou par les vapeurs qui s’élèvent du réservoir, les eaux remontent jusqu’à la hauteur de la partie inférieure du plateau d’où elles s’écoulent ensuite ; elles formeront une source d’eau chaude imprégnée de substances solubles des couches qu’elle aura traversées : ce qui donne une explication vraisemblable des eaux thermales.