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EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE.


à la Terre, d’où il résulte que cette distance est de 23 984 rayons terrestres.

On observe à la surface du Soleil des taches noires d’une forme irrégulière et changeante. Quelquefois elles sont nombreuses et fort étendues ; on en a vu dont la largeur égalait quatre ou cinq fois celle de la Terre. D’autres fois, mais rarement, le Soleil paraît pur et sans taches pendant des années entières. Souvent les taches solaires sont entourées de pénombres, environnées elles-mêmes de parties plus lumineuses que le reste du Soleil, et au milieu desquelles on voit ces taches se former et disparaître. La nature des taches est encore ignorée ; mais elles nous ont fait connaître un phénomène remarquable, celui de la rotation du Soleil. Au travers des variations qu’elles éprouvent dans leur position et dans leur grandeur, on démêle des mouvements réguliers, exactement les mêmes que ceux des points correspondants de la surface du Soleil, en supposant à cet astre, dans le sens de son mouvement autour de la Terre, une rotation sur un axe presque perpendiculaire à l’écliptique. On a conclu, de l’observation suivie des taches, que la durée d’une rotation entière du Soleil est d’environ vingt-cinq jours et demi, et que l’équateur solaire est incliné de 8°½ au plan de l’écliptique.

Les grandes taches du Soleil sont presque toujours comprises dans une zone de sa surface, dont la largeur, mesurée sur un méridien solaire, ne s’étend pas au delà de 34° de chaque côté de son équateur ; on en a cependant observé à 44° de distance.

On aperçoit, surtout vers l’équinoxe du printemps, une faible lumière visible avant le lever ou après le coucher du Soleil, et à laquelle on a donné le nom de lumière zodiacale. Sa couleur est blanche et sa figure apparente est celle d’un fuseau dont la base s’appuie sur l’équateur solaire : tel on verrait un sphéroïde de révolution fort aplati dont le centre et le plan de l’équateur seraient les mêmes que ceux du Soleil. Sa longueur paraît quelquefois sous-tendre un angle de plus de 100°. Le fluide qui nous réfléchit cette lumière doit être extrêmement rare, puisque l’on voit les étoiles au travers. Suivant l’opinion la plus