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détermine, et il résulte de mon Analyse que le rayon moyen entre les rayons des trois surfaces de la mer, correspondants au même point de la surface du sphéroïde terrestre, est égal au rayon de la surface de la mer en équilibre sur ce sphéroïde privé de tout mouvement de rotation.

J’ai discuté, dans le Livre V de la Mécanique céleste, l’influence des causes intérieures, telles que les volcans, les tremblements de terre, les vents, les courants de la mer, etc., sur la durée de la rotation de la Terre, et j’ai fait voir, au moyen du principe des aires, que cette influence est insensible, et qu’il faudrait, pour produire un effet sensible, qu’en vertu de ces causes des masses considérables eussent été transportées à de grandes distances, ce qui n’a point eu lieu depuis les temps historiques. Mais il existe une cause intérieure d’altération de la durée du jour que l’on n’a point encore considérée, et qui, vu l’importance de cet élément, mérite une discussion spéciale. Cette cause est la chaleur du sphéroïde terrestre. Si, comme tout porte à le croire, la Terre entière a été primitivement fluide, ses dimensions ont diminué successivement avec sa température ; sa vitesse angulaire de rotation a augmenté graduellement, et elle continuera de s’accroître, jusqu’à ce que la Terre soit parvenue à l’état constant de température moyenne de l’espace où elle se meut. Pour avoir une idée juste de cet accroissement de vitesse angulaire, que l’on imagine, dans un espace d’une température donnée, un globe de matière homogène, tournant sur son axe dans un jour. Si l’on transporte ce globe dans un espace dont la température soit moindre d’un degré centésimal, et si l’on suppose que sa rotation ne soit altérée ni par la résistance d’un milieu, ni par le frottement, ses dimensions diminueront par la diminution de la température, et lorsqu’à la longue il aura pris la température du nouvel espace, son rayon sera diminué d’une quantité, que je supposerai être qui a lieu à peu près pour un globe de verre et ce que l’on peut admettre pour la Terre. Le poids de la chaleur a été inappréciable dans toutes les expériences que l’on a faites pour le mesurer ; elle paraît donc, comme la lumière, n’apporter aucune variation sensible dans la masse des corps ; ainsi, dans le nouvel espace, deux choses peu-