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CHAPITRE VII.
DES SATELLITES DE SATURNE ET D’URANUS.
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L’extrême difficulté des observations des satellites de Saturne rend leur théorie si imparfaite que l’on connaît à peine avec quelque précision leurs révolutions et leurs distances moyennes au centre de cette planète ; il est donc inutile, jusqu’à présent, de considérer leurs perturbations. Mais la position de leurs orbes présente un phénomène digne de l’attention des géomètres et des astronomes. Les orbes des six premiers satellites paraissent être dans le plan de l’anneau, tandis que l’orbe du septième s’en écarte sensiblement. Il est naturel de penser que cela dépend de l’action de Saturne, qui, en vertu de son aplatissement, retient les six premiers orbes et ses anneaux dans le plan de son équateur. L’action du Soleil tend à les en écarter ; mais cet écart croissant très rapidement et à peu près comme la cinquième puissance du rayon de l’orbe, il ne devient sensible que pour le dernier satellite. Les orbes des satellites de Saturne se meuvent comme ceux des satellites de Jupiter, sur des plans qui passent constamment entre l’équateur et l’orbite de la planète, par leur intersection mutuelle, et qui sont d’autant plus inclinés à cet équateur, que les satellites sont plus éloignés de Saturne. Cette inclinaison est considérable relativement au dernier satellite, et d’environ 24°,0, si l’on s’en rapporte aux observations déjà faites ; l’orbe du satellite est incliné de 16°,96 à ce plan, et le mouvement annuel de ses nœuds sur le même plan est de 940″. Mais ces observations étant fort incertaines, ces résultats ne peuvent être qu’une approximation très imparfaite.