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Delambre a bien voulu entreprendre cette discussion à ma prière ; il a trouvé 62″,5 pour l’aberration entière, valeur exactement la même que Bradley avait conclue de ses observations. Il est satisfaisant de voir un accord aussi parfait entre des résultats tirés de méthodes aussi différentes. Il suit de cet accord que la vitesse de la lumière est uniforme dans tout l’espace compris par l’orbe terrestre. En effet, la vitesse de la lumière, donnée par l’aberration, est celle qui a lieu sur la circonférence de l’orbe terrestre, et qui, se combinant avec le mouvement de la Terre, produit ce phénomène. La vitesse de la lumière, conclue des éclipses des satellites de Jupiter, est déterminée par le temps que la lumière emploie à traverser l’orbe terrestre ; ainsi, ces deux vitesses étant les mêmes, la vitesse de la lumière est uniforme dans toute la longueur du diamètre de l’orbe de la Terre. Il résulte même de ces éclipses que cette vitesse est uniforme dans l’espace compris par l’orbe de Jupiter ; car, à raison de l’excentricité de cet orbe, l’effet de la variation de ses rayons vecteurs est très sensible sur les éclipses des satellites, et la discussion de ces éclipses a prouvé que cet effet correspond exactement à l’uniformité du mouvement de la lumière.

Si la lumière est une émanation des corps lumineux, l’égalité de la vitesse de leurs rayons exige qu’ils soient lancés par chacun d’eux avec une force qui soit la même, et que leurs mouvements ne soient point sensiblement retardés par les attractions qu’ils éprouvent de la part des corps étrangers. Si l’on fait consister la lumière dans les vibrations d’un fluide élastique, l’uniformité de sa vitesse exige que la densité de ce fluide dans toute l’étendue du système planétaire soit proportionnelle à son ressort. Mais l’extrême simplicité avec laquelle l’aberration des astres et les phénomènes de la réfraction de la lumière, en passant d’un milieu dans un autre, s’expliquent en considérant la lumière comme une émanation des corps lumineux, rend cette hypothèse au moins très vraisemblable.

L’orbe du second satellite se meut uniformément, avec une inclinaison constante, sur un plan fixe qui passe constamment entre l’équateur et l’orbite de Jupiter, par leur intersection mutuelle, et dont l’inclinaison