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LIVRE I. — CHAPITRE II.


sur ce rayon ; les aires décrites par son rayon vecteur sont donc proportionnelles au temps. Un rapport aussi simple entre le mouvement du Soleil et sa distance au foyer de son mouvement doit être admis comme une loi fondamentale de sa théorie, du moins jusqu’à ce que les observations nous obligent de le modifier.

Si, d’après les données précédentes, on marque de jour en jour la position et la longueur du rayon vecteur de l’orbe solaire, et que l’on fasse passer une courbe par les extrémités de tous ces rayons, on verra que cette courbe est un peu allongée dans le sens de la droite qui, passant par le centre de la Terre, joint les points de la plus grande et de la plus petite distance du Soleil. Sa ressemblance avec l’ellipse ayant fait naître la pensée de les comparer entre elles, on a reconnu leur identité ; d’où l’on a conclu que l’orbe solaire est une ellipse dont le centre de la Terre occupe un des foyers.

L’ellipse est une de ces courbes fameuses, dans la Géométrie ancienne et moderne, sous le nom de sections coniques. Il est facile de la décrire, en fixant à deux points invariables, que l’on appelle foyers, les extrémités d’un fil tendu sur un plan par une pointe qui glisse le long de ce fil. L’ellipse tracée par la pointe dans ce mouvement est visiblement allongée dans le sens de la droite qui joint les foyers et qui, prolongée de chaque côté jusqu’à la courbe, forme le grand axe dont la longueur est la même que celle du fil. Le petit axe est la droite menée par le centre perpendiculairement au grand axe, et prolongée de chaque côté jusqu’à la courbe ; la distance du centre à l’un des foyers est l’excentricité de l’ellipse. Lorsque les deux foyers sont réunis au même point, l’ellipse est un cercle ; en les éloignant, elle s’allonge de plus en plus, et si, leur distance mutuelle devenant infinie, la distance du foyer au sommet le plus voisin de la courbe reste finie, l’ellipse devient une parabole.

L’ellipse solaire est peu différente d’un cercle ; car l’excès de la plus grande sur la moyenne distance du Soleil à la Terre n’est, comme on l’a vu, que cent soixante-huit dix-millièmes de cette distance. Cet excès est l’excentricité elle-même, dans laquelle les observations indi-