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voir lieu dans ces trois signes pendant près de deux cents ans ; ensuite elle parcourra de la même manière, dans les deux cents années suivantes, les trois signes du Taureau, du Capricorne et de la Vierge ; elle emploiera pareillement deux siècles à parcourir les signes des Gémeaux, du Verseau et de la Balance ; enfin dans les deux siècles suivants, elle parcourra les signes de l’Écrevisse, des Poissons et du Scorpion, pour recommencer après dans le signe d’Ariès. De là se compose une grande année dont chaque saison à deux siècles. On attribuait une température différente à ces diverses saisons ainsi qu’aux signes qui leur répondent ; l’ensemble de ces trois signes se nommait trigone : le premier trigone était celui du feu ; le second, celui de la terre ; le troisième, celui de l’air, et le quatrième, celui de l’eau. On conçoit que l’Astrologie a dû faire un grand usage de ces trigones, que Kepler lui-même a expliqués avec beaucoup de détail dans plusieurs Ouvrages. Mais il est remarquable que la saine Astronomie, en faisant disparaître cette influence imaginaire du rapport qu’ont entre eux les moyens mouvements de Jupiter et de Saturne, ait reconnu dans ce rapport la source des grandes perturbations du système planétaire.

La planète Uranus, quoique récemment découverte, offre déjà des indices incontestables des perturbations qu’elle éprouve de la part de Jupiter et de Saturne. Les lois du mouvement elliptique ne satisfont point exactement à ses positions observées, et pour les représenter, il faut avoir égard à ses perturbations. Leur théorie, par un accord singulier, la place dans les années 1769, 1756 et 1690, aux mêmes points du ciel où Le Monnier, Mayer et Flamsteed avaient déterminé la position de trois petites étoiles que l’on ne retrouve plus aujourd’hui, ce qui ne laisse aucun doute sur l’identité de ces astres avec Uranus.

Les petites planètes que l’on vient de découvrir sont assujetties à de très grandes inégalités, qui répandront un nouveau jour sur la théorie des attractions célestes et donneront lieu de la perfectionner ; mais il n’a pas encore été possible de reconnaître ces inégalités par