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de la parallaxe lunaire ou de 10 541″ ; on aura donc 0m,00100464 pour la hauteur dont la Lune doit tomber dans une seconde par l’attraction de la Terre. Cette hauteur, donnée par les expériences du pendule, diffère extrêmement peu de celle qui résulte de l’observation directe de la parallaxe, et, pour les faire coïncider, il ne faudrait altérer que de 2″ environ sa valeur précédente. Une aussi petite variation étant dans les limites des erreurs des observations et des éléments employés dans le calcul, il est certain que la force principale qui retient la Lune dans son orbite est la pesanteur terrestre, affaiblie en raison du carré de la distance. Ainsi la loi de la diminution de la pesanteur, qui, pour les planètes accompagnées de plusieurs satellites, est prouvée par la comparaison de leurs distances et des durées de leurs révolutions, est démontrée, pour la Lune, par la comparaison de son mouvement avec celui des projectiles à la surface de la Terre. Déjà les observations du pendule, faites au sommet des montagnes, indiquaient cette diminution de la pesanteur terrestre ; mais elles étaient insuffisantes pour en découvrir la loi, l’élévation du sommet des plus hautes montagnes étant toujours fort petite par rapport au rayon de la Terre ; il fallait un astre éloigné de nous, comme la Lune, pour rendre cette loi très sensible et pour nous convaincre que la pesanteur sur la Terre n’est qu’un cas particulier d’une force répandue dans tout l’univers.

Chaque phénomène éclaire d’une lumière nouvelle les lois de la nature et les confirme. C’est ainsi que la comparaison des expériences sur la pesanteur avec le mouvement lunaire nous montre clairement que l’on doit fixer l’origine des distances aux centres de gravité du Soleil et des planètes dans le calcul de leurs forces attractives ; car il est visible que cela a lieu pour la Terre, dont la force attractive est de la même nature que celle du Soleil et des planètes.

Une forte analogie nous porte à étendre cette propriété attractive aux planètes mêmes qui ne sont point accompagnées de satellites. La sphéricité commune à tous ces corps indique évidemment que leurs molécules sont réunies autour de leurs centres de gravité, par une force qui, à distances égales, les sollicite également vers ces points.