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les planètes sont maintenues dans leurs orbes respectifs par la pesanteur solaire ? En effet, ces deux forces paraissent être de la même nature ; elles pénètrent l’une et l’autre les parties intimes de la matière et les animent de la même vitesse si leurs masses sont égales ; car on vient de voir que la pesanteur solaire sollicite également tous les corps placés à la même distance du Soleil, comme la pesanteur terrestre les fait tomber dans le vide, en temps égal, de la même hauteur.

Un projectile lancé horizontalement avec force, d’une grande hauteur, retombe au loin sur la terre, en décrivant une courbe parabolique, et, si sa vitesse de projection était d’environ 7 000m dans une seconde et n’était point éteinte par la résistance de l’atmosphère, il ne retomberait point et circulerait comme un satellite autour de la Terre, sa force centrifuge étant alors égale à sa pesanteur. Pour former la Lune de ce projectile, il ne faut que l’élever à la même hauteur que cet astre et lui donner le même mouvement de projection.

Mais ce qui achève de démontrer l’identité de la tendance de la Lune vers la Terre, avec la pesanteur, c’est qu’il suffit, pour avoir cette tendance, de diminuer la pesanteur terrestre suivant la loi générale des forces attractives des corps célestes. Entrons dans les détails convenables à l’importance de cet objet.

La force qui écarte à chaque instant la Lune de la tangente de son orbite lui fait parcourir dans une seconde un espace égal au sinus verse de l’arc qu’elle décrit dans le même temps, puisque ce sinus est la quantité dont la Lune, à la fin de la seconde, s’est éloignée de la direction qu’elle avait au commencement. On peut le déterminer par la distance de la Lune à la Terre, distance que la parallaxe lunaire donne en parties du rayon terrestre. Mais, pour avoir un résultat indépendant des inégalités du mouvement de la Lune, il faut prendre pour sa parallaxe moyenne la partie de cette parallaxe indépendante de ces inégalités et qui correspond au demi-grand axe de l’ellipse lunaire. Bürg a déterminé, par l’ensemble d’un grand nombre d’observations, la parallaxe lunaire, et il en résulte que la partie dont nous venons de parler est de 10 541″, sur le parallèle dont le carré du sinus de latitude est ,